Magique.
Ce voyage à vélo c’est la magie d’une chanson fredonnée en Mongolie, d’une autre chantée à tue tête en Turquie ou écoutée à la radio en Iran, d’une danse traditionnelle apprise dans une coloc d’étudiants, d’un air d’accordéon d’une franche « camaraderie » à 9° d’alcool en Autriche, d’un « NA NA NA NA NA » 1 000 fois répété à Téhéran, du sang qui se glace à l’écoute du hurlement des loups, d'un fout rire incontrôlable sous les éclairs et la grêle du Kazakhstan, celle des indéboulonnables sucreries des cafés azéries, celle d’un sac de 10 kilos d’orange offerts par des nones innocentes qui ne comprennent pas que « ça fait un peu beaucoup quand même »… Ce voyage c'est la magie de nos cartes papiers dépliées 10 fois par jour pour expliquer notre chemin à de parfaits inconnus curieux de connaître notre itinéraire, d'où l'on vient et où l'on va.
Ce voyage à vélo c’était la magie de la vie pure tout bonnement faite d’une succession de moments imprévus mais à chaque fois pris comme tels et vécus intensément.
Vivre.
J’ai 28 ans. Et pour la première fois de ma vie, à 28 ans j’ai l’impression d’avoir vécu, d'avoir aperçu ce que "vivre" signifie. J’ai une sensation étrange de vertige devant cette sensation qui m’a habité durant ces 349 jours, et surtout je ne veux pas la perdre.
Cette sensation, nous l'avons découverte alors même qu'avec Simon nous étions la plus part du temps dans des conditions inconfortables, instables et peu sympathiques. Forcément je me pose la question, y-a-t-il un lien entre ces deux aspects ?
Quel intérêt y-a-t-il donc à vivre dans une certaine précarité, sous les ponts, dans la bouse de vache, le caca de chats, entourés de chiens errants, dans l’incertitude de la sécurité, aux côtés de loups ou probables ivrognes ? Peu de matériel, peu de confort, peu de lien social, peu de connexion …bref, peu de tout ce que l'on a constamment chez nous, au point que de toute façon nous ne nous rendons plus compte de tout ce que l'on a.
Malgré toute cette absence de tout ce que l'on croit indispensable, pourquoi est-ce si... bien ?
Ce n’est pas juste d’avoir fait des choses, d’avoir pédalé souvent, ni d’avoir rencontré beaucoup de gens. Je crois que c’est plus simple que cela : j’ai l’impression d’avoir aperçu ce que l’on devrait toutes et tous faire à chaque instant : vivre et être dans l’instant qui se présente à nous sans nous mettre constamment à juger la situation pour en regretter certaines ou en espérer d’autres.
Depuis le retour à « la vie normale » ce constat et les questions qui en découlent m'interpèlent et m'ouvre, je le crois, un peu les yeux sur la façon dont nous menons nos vies d'occidentaux accros au rythme métro boulot dodo dont nous avons tous conscience mais que nous remettons bien difficilement en question.
Les questions pullulent désormais dans ma petite tête :
"Pourquoi cette année était-elle si différentes des 27 autres ? Pourquoi donc au moment de monter dans l’avion retour je me sentais différent ? Pourquoi, au regard de cette expérience, ai-je cette sensation vertigineuse d’avoir pour l’instant passé le plus clair de mon temps à regarder passer ma vie plutôt qu’à la vivre ? Pourquoi est-ce qu’à la fin de chaque année qui passe je n’ai pas toujours eu cette même sensation de bien-être ? Pourquoi ce voyage m’a –t-il fait comprendre ce que l’expression « croquer la vie à pleine dent » signifie vraiment ?"
"I know trips like yours change your way to see the world and what is even more important to have a better relationship with yourself. It takes long time to structure ones character and there is nothing better than long journey.
It would be nice that our paths cross in the future."
Borko (rencontré en Croatie)
Partir.
« ...c’est devenir soi […] afin de se retrouver nu face à la vie ». A. Poussin
« Faire le guignol en sac à dos de randonnée pendant 15 jours en vacance c’est sympa et même top mais bon pas trop longtemps il ne faut pas déconner, on ne peut pas en faire sa vie ! » Citation de moi-même au début du voyage.
Pourquoi suis-je parti ? Je n’en sais trop rien. En réalité, je n’ai jamais réellement compris les gens qui passent leur vie sur les routes, sans confort, sans « situation », avec si peu, sans ambition. Quel intérêt d’être en errance ? De devenir des ermites, des "marginaux" ! Vu comme cela, ça ne donne pas trop envie de les suivre. Je n'avais pas franchement envie de me retrouver "nu" face à la vie.
Pourtant, partir comme cela, depuis les prémisses de l’idée en 2010, je crois que j’en avais fait un rêve. Sans trop d’inquiétude au départ puis avec un certain vertige au moment de donner le premier coup de pédale devant l’immensité de l’inconnu qui se présentait devant nous.
D’une certaine façon lorsque je croisais ces gens "en errance" je crois que je ne pouvais m’empêcher de les envier. Désormais, je crois que je les comprends et plus que cela…je me demande même : « est-ce que ces gens, que l’on qualifie facilement de "perdus" (et moi le premier), n’auraient pas en réalité raison ? Est-ce qu’en fait ils n’auraient pas tout compris et « nous » rien ? » Après avoir entrevu les deux situations, celle d'un côté du nomade lent, silencieux mais serein, et de l'autre celle du voyageur connecté, effréné qui ne tient plus en place mais toujours inquiet, cette question je me la pose.
Il ne faut pas avoir peur de partir comme cela. Durant cette année il ne nous ait rien arrivé de grave. Sommes nous chanceux ? Je ne crois pas. Tout simplement nous avons gardé le sourire, c’était peut-être notre meilleur atout. Un allié qui en réalité s’impose naturellement aux voyageurs lents. Du moins nous n’avons pas rencontré de contre-exemple…
Introspection.
Je voulais voir du pays, je voulais expérimenter le voyage d’une façon différente de celle que j’avais déjà entrevue et qui ne me convenait pas complètement, sans réellement savoir pourquoi.
Voir comment est le monde réellement, comment sont les gens, et comment vis-t-on ici et là . Je ne m’attendais à rien, je ne m’étais fait aucune idée et je ne voulais pas m’en faire. Je m’estimais bien dans mes baskets comme on dit, plutôt satisfait, globalement en forme et heureux. Je ne suis parti, oui mais en quête de rien. Sauf, que par la suite, je n’ai pas eu vraiment le choix : d’abord concentrés sur de nombreux problèmes potentiels mais fictifs, avec Simon, nous avons naturellement appris à lâcher prise pour simplement être dans l’instant et cela même dans les situations complexes. C'est alors qu'une dimension spirituelle introspective se greffe doucement au voyage. Elle prend progressivement de l’ampleur jusqu’à dominer au point de ne plus pouvoir être ignorée.
Avant de partir, je croyais que je ne changerai pas, j’en étais même persuadé. « Car les gens ne changent pas »…c’est une chose dont j’étais convaincu et que je répétais régulièrement.
Désormais, je ne peux qu’observer le changement…
Alors que l'arrivée à Oulan Bator s'approche, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour Petra et la "cycling family" qui nous a hébergé en Autriche qui me disait alors « vous verrez vous en reviendrez différents, ce voyage va vous changer c’est une certitude». Je l’écoutai par politesse tout en me disant intérieurement « cause toujours, de toute façon je n’ai aucunement envie de changer, je suis très bien comme ça, il n'y a aucune raison pour que cela arrive ». Aujourd’hui je sais qu’elle avait raison, et que j’avais tort, mais pour le mieux.
"I'm happy that you had a great trip. You stayed with us at the very beginning of your trip. I guess, you have changed a lot. Life on the bike does so."
Petra - Autriche
Au delà du fait d'avoir appris et découvert certaines choses sur la vie, je crois que je menais ma vie d’une façon qui ne me correspond pas complètement et que je n’étais pas réellement honnête avec moi-même. Petit à petit, en voyageant lentement et de temps à autres dans la galère, j’ai pris la vérité en pleine face ; je crois que j'ai appris à devenir moi, peut-être pas complètement mais davantage c'est certain.
Je sais que cela ressemble à de la bonne phrase pompeuse, le genre de phrase que je n'aimais pas entendre, sans doute parce que l'entendre chez d'autres me dérangeait car je n'étais peut-être pas capable de la dire. Mais c'est vrai, grâce à ce genre de voyage lent, long, pas forcément toujours plaisant, mais à chaque fois sans artifice, on en vient à aperçevoir naturellement qui l'on est, et surtout à se demander pourquoi l'on est comme cela.
Encore une fois, avant de partir, je n'avais pas à me plaindre, j’étais plutôt épanoui et me sentais très bien dans mes bottes.
Pourtant, il n’y a désormais pas de comparaison ni d’hésitation possible.
Une histoire de Temps.
Un élément que je n’ai pas pu m’empêcher de constater en foulant de nouveau le sol hexagonal, tient en deux phrases : « je suis parti il y a un an et j’ai l’impression d’être parti il y a 3 ans au moins ». Ce à quoi mes amis ont pu répondre : « ah…ben nous, nous avons l’impression que vous êtes partis il y a 3 mois …» *
Intrigant, forcément.
Mais est-normal ?
Ne devrions-nous pas « normalement » toutes et tous avoir la sensation de vivre à peu près au même rythme ? Après tout, une seconde est une seconde.
Avez-vous remarqué à quel point nous courrons partout et tous le temps, après le temps mais sans vraiment en profiter, sans saisir ce que nous avons à chaque moment ?
Pourtant, cela est marrant je trouve car lorsqu'on y réfléchit, tout ce que nous prenons et consommons aujourd’hui en occident est fait pour nous faire justement "gagner du temps".
C’est ce qu’on appelle communément le progrès : faciliter pour gagner du temps présent ou bien allonger pour gagner du temps futur. Mais en avons réellement "plus", du temps ? Notre mode de vie moderne empli de "progrès" ne ferait-il pas en fait de nous de simples enfants boulimiques qui passons notre temps à nous battre contre la montre ?
Le temps s’écoule-t-il plus lentement lorsque nous maîtrisons tous ces outils ingénieux censés nous faciliter la vie ? Avez-vous réellement et sincèrement la conviction de faire plus de chose en 24h par rapport à il y a 15ans ? Et à y réfléchir fait-on objectivement mieux les choses par rapport à il y a 15 ans ? Sommes-nous plus serein et plus confiant avec tout ce progrès technologique qui nous facilite toute tâche ? A ne plus rien faire, ou à tout faire facilement et rapidement je crois que nous ne gagnons rien du tout. C'est peut-être même le contraire qui se passe.
A quand remonte la dernière fois où vous ne vous êtes pas posé et concentré simplement sur ce que vous faites pour le faire réellement bien ? Ou plus simplement, alors que vous marchez comme tout le monde dans la rue un week-end (ne parlons pas de la semaine car "en semaine on n'a pas le temps") pensez à vous arrêter, pour respirer et pour vous observer et observer tout ce qui se passe autour de vous, calmement pendant, aller, 5 petites minutes ?
Arrêtez-vous, donc restez debout, ne bougez plus, ne faites plus rien à part respirer et observez. Observez ce qui se passe sans juger, respirez et regardez la frénésie rapide et facile autour de vous.
Restez comme cela quelques minutes, ne faites rien. N’avez – vous pas cette sensation de vivre des secondes beaucoup plus longues que celles des gens qui semblent courir autour de vous ? Même le week-end, ils courrent tous ces gens, car ils manquent de temps...il faut "faire des choses".
Ensuite, il est fort probable que vous retournerez à un moment ou à un autre, sur un ordinateur ou une tablette. Il est certain que vous verrez les heures numériques avec un jugement de rapidité à l’opposé de celui que vous avez pu porter sur les secondes qui défilaient lorsque vous étiez debout, à ne rien faire, dans la rue.
Le voyage lent et endurant octroie une toute autre dimension au temps. Pourquoi? Je n'en sais rien. Je crois que le temps est relatif bien entendu ; mais plus que cela, il me semble qu’il serait très intéressant de tout simplement l’oubl
Discerner.
Désormais je suis convaincu qu’il y a beaucoup de choses qui ne vont pas dans notre mode de vie à l'occidental.
Si j'en avais bien conscience avant, cette phrase, je suis certain que je ne l’aurai jamais prononcée avec autant de conviction avant d’être parti. Au fond, je me contentai très bien de ce mode de vie et ne remettais réellement en question que très peu de choses, j'évitai de me poser trop de question, je subissais en fait. Maintenant que je vois et saisi réellement tout ce qui "ne va pas", je ne peux plus revenir en arrière.
Nous naissons et baignons dans le confort sans jamais en sortir et à tel point que nous n’avons plus conscience d’y être. La pyramide de Maslow pour nous autres français et européens, c'est dès la naissance, le dernier étage : le top du top de l'accomplissement des besoins, les sommets de la pyramide au premier cris poussé. Et nous ne descendons que rarement d'un étage. Et c'est bien cela le problème.
En fait je crois que nous nous ennuyons. Et nos trois semaines de vacances à l’autre bout du monde dans des îles toujours plus paradisiaques d’année en année n’y feront rien, globalement, nous nous emmerdons et nous ne profitons plus de grand-chose car tout ces plaisirs sont désormais relativement simples Aujourd'hui tout doit être fait et exéprimenté sous peine d'avoir "une vie de merde".
La vie de tous les jours a perdu son goût, son cachet, son sens. Cette vie, c’est l’eau que nous buvons tous les jours sans jamais la savourer et l’apprécier à sa juste valeur car de toute façon, elle est là …tout le temps-là , toute proche, à tout instant accessible à un quart de tour de robinet.
Que ce passera t – il le jour où cette eau, si précieuse et vitale, ne sera plus là pour une raison ou une autre ? On réalisera peut-être un peu tard que c'était bien du luxe de se triturer l'esprit sur la prochaine destination de vacance ou sur cette précieuse augmentation voulue mais non obtenue...
Il me semble que notre opulence acquise de confort et de simplicité nous masque la réalité de la vie et de notre gestion globale du « progrès ».
Pour caricaturer, désormais, chez nous, la pyramide de Maslow, c'est un peu ça :
En définitive, cette épopée m'a fait comprendre qu'il est nécessaire pour soi-même de faire le tri, à chaque instant mettre en œuvre davantage de discernement face à cette opulence de choix et de facilités accessibles mais aucunement nécessaires, ni même utiles. Le but est de comprendre dans son comportement ce qui relève de soi ou bien d’habitudes acquises et conditionnées afin de mieux s'en défaire...
Philosophie de l’effort et apologie de la difficulté.
Cela fait redite avec notre bilan commun avec Simon mais j'en suis tellement convaincu que je n'hésite pas à en remettre une couche. Durant le voyage nous avons coimpris et redécouvert que le fait d’en chier est un mal nécessaire : on apprécie d’autant plus chaque pause dans le mal, chaque repas, chaque nuit, Le fait d’en chier est en fait un bien ! Quel plaisir de dormir et de s’endormir après une fatigue physique (à condition de ne pas avoir trop froid non plus et de ne pas être trop tracassé psychologiquement)
La difficulté n'est pas que physique. Par exemple, à chaque nouvelle frontière, il nous a fallu faire l’effort d’apprendre et de découvrir les bases de la nouvelle langue. C’est chiant, au début, mais ensuite on ne regrette jamais.
Après en avoir bavé et avoir galéré, nous avons le sentiment de mériter au moins un peu les situations positives ou neutres qui surviennent. Parvenir dans un lieu majestueux à vélo après avoir roulé plusieurs jours sous la pluie, dans la gadoue, et grimpé des centaines de mètres de dénivelés est une joie difficile à exprimer par écrit. La douleur associée à une certaine lenteur d’exécution a le mérite de décupler tous les sentiments et en particulier ceux d’émerveillement et de joie !
Quel plaisir que celui de trouver chaque soir, un nouvel endroit sûr où dormir et planter la tente. Cette galère répétitive, n'en devient plus une mais d'une certaine façon une partie de plasir, une source de joie et d'accomplissement final de la journée.
Ce qui est bien c’est que tout cela peut-être transposé dans la vie de tous les jours.
Par exemple, il n’y a aucune comparaison possible entre le plaisir de régaler ses amis avec une mousse au chocolat faite maison durant 2h de travail et celui de le faire avec une mousse au chocolat achetée à carrefour en 30secondes.
Je pense que chacun sera d’accord pour dire qu'à goût équivalent, la seconde mousse au chocolat est bien plus fade. Et bien c’est exactement la même chose entre voyage rapide motorisé et voyage lent enduré !
Dans les deux cas la destination est la même (la mousse au chocolat est mangée et appréciée) mais le chemin parcouru pour parvenir à ce résultat est dans un cas bien plus « emmerdant » et c’est cet emmerdement qui vous comble d’une saveur toute particulière lorsqu’on vous dit que la mousse est excellente !
J’en tire l’envie de réapprendre à serrer les dents, à tenir et faire preuve de volonté. L’épanouissement passe par là , par les étapes difficiles et principalement par ces étapes-là . Nos iphones et montres connectées ne nous aideront jamais à nous épanouir, c'est même tous le contraire. Aucune épreuve facile n’a de réel intérêt.
Le hic c’est que de nos jours, dans notre société connectée et consumériste, il faut vraiment le vouloir pour se mettre en difficulté, pour bien faire ou bien pour savoir ce que l'on veut réellement.
On ne s’embête même plus à préparer nos routes et itinéraires, le GPS et la 3G sont là ...nous rendant, il faut le dire, peureux et imbéciles car progressivement, laissant la technologie décider pour nous, on n'apprend et ne connaît plus rien...notre attention réduite, cela nous conduit à nous montrer tout autant capables de nous perdre que lorsque nous nous guidons avec des cartes.
Et, quand l'effort existe, il faut l'associer à un compteur , à un objectif de performance, et à la comparaison de celles-ci. Mais, pourquoi donc "merde" !?
Aujourd'hui lorsque je vois tout ce monde courir sur du béton les écouteurs aux oreilles, l'iphone comptant les calories consommées au bras, les yeux rivés sur ce même iphone tous les 50m plutôt que sur son souffle, je me dis que quelque chose ne tourne pas rond...
J'ai l'impression que faire les choses simplement pour soi et parce qu'on le veut réellement a de moins en moins de réalité, et c'est dommage. Il faut courrir des marathons durant des marathons organisés et prendre des photos avec un joli maillot fluo à l'arrivée (juste après avoir dégobillé parce qu'on ne s'était pas vraiment préparés.)
Mais courir un marathon c'est comme l'apprentissage d'une poésie, ça se répète, et se fait des semaines et des mois avant ! ça se court possiblement tous les dimanches et pas un seul dimanche payant de l'année... On ne fait bien souvent plus que ce qu'on nous dit de faire...
se mettre en difficulté de soi même...tout un programme.
" L'immense variété des moments vécus, des personnes rencontrées, des paysages admirés, doit sûrement contraster avec la monotonie nos vies sédentaires qu'il te faut à nouveau partager ! Difficile de ne pas être nostalgique, de résister à l'envie de recommencer, de repartir sur les routes pour rencontrer d'autres paysages immuables, d'autres sédentaires vivant d'autres vies peut-être encore plus monotones que les nôtres...
Comment faire pour ne pas s'ennuyer, pour ne pas se lasser ? C'est peut-être ça la vraie question..."
Marie - France
Re...partir ?
Je ne pense pas que je sois capable de vivre beaucoup plus longtemps qu’un an sur un vélo ou à pied, car mine de rien, un an c'est long. Mais je dois accepter le fait que je repartirai de la sorte…ça c’est certain.
Quand ?
Aucune idée… Pas tout de suite, peut-être dans un an, 5 ans, 10 ans…je ne sais pas, ça se construit mais des galères de quelques mois, je pense que j'en redemande et que cela arrivera plus vite que prévu !
Comment ?
par tout moyen non motorisé : marche à pied, bateau, vélo, cheval. Par moments, ensemble avec Simon ou séparément nous avons pu faire des excursions motorisées pour nous rendre d’un point à un autre. Rien à voir avec ce que nous vivions lorsque nous étions à vélo.
Voyager motorisé, je n’appelle plus cela voyager… C'est peut-être un peu fort et "extrémiste" mais très honnêtement il n'y a aucune comparaison possible. Le moteur, c'est la meilleure façon de passer à côté de trop de vérités, du réel voyage qui est juste là . Sans doute que cela semble présompteux mais c'est la vérité et il n'y pas de raison de prendre des pincettes.
Je pense que les randonneurs connaissent toute la saveur du voyage lent et la vérité associée au fait d’être complètement concentré sur ce simple fait qui consiste à …
mettre un pied devant l’autre…
et d'enchaîner les petits pas pour vaincre les longs kilomètres.
En dehors des randos, dans la vie de tous les jours, combien de fois par jour portons nous toute notre attention sur ce simple geste ? C'est en cette simple différence toute bête que réside toute la différence.
Au-delà du moyen de transport, ma manière de concevoir la voyage est bouleversée mais bouleversée pour le mieux. Désormais, ça en est (du moins je l’espère) fini pour moi de la frénésie boulimique du « voyage lonely planet », la tête dans un guide, le cul sur une chaise à moteur me rendant sans difficulté ni surprise d’un point A à un point B, pour sûr touristique, où de gentils locaux m’attendent avec un grand sourire faussé par l’idée qu’ils se font à propos de la profondeur de mon porte-monnaie...non merci.
Où ?
Les préjugés et à prioris sont tombés, j’essaie de ne plus accepter les idées préconçues et d’éviter les procès d’intention. Contrairement à il y a quelques temps, je pense que je pourrais aller n’importe où, pour voir et vivre de mes propres yeux. Afin de me forger mes avis et non écouter ce que l’on me dit.
Mais avant de continuer à vouloir découvrir le monde par moi-même, je pense apprendre à mieux découvrir l’Europe mais aussi la France. A l’époque actuelle je crois que l'on sous-estime et négligeons trop les trésors des paysages, la richesse du patrimoine et la diversité culturelle de notre pays. Merci les lignes LGV et les autoroutes, nous passons notre temps à louper notre pays, tout cela pour être productif économiquement, mais surtout pas dans la gestion de nos vies.
Avec qui ?
Seul ou accompagné, je ne sais pas…durant ce premier périple j’ai pu entrevoir les deux solutions en roulant également quelques semaines en solo et aucune des deux options ne m’est apparue comme idéale.
Peut-être qu’à trois cela est encore différent mais je pense que l’effet de groupe prend alors trop d’ampleur.
Voyager au long cours plusieurs mois comme cela en couple ou en famille me semble désormais possible mais plus que cela, je dirais que c'est à essayer voire indispensable. Cela ne peut qu’être enrichissant, constructif et épanouissant.
Merci à tous ces visages qui nous ont souris et qui m'ont appris cette belle leçon.
A nous désormais d'offrir cette magie de l’accueil et d’ouvrir nos bras aux autres.
Sur ce, comme le dit l'adage, je m'en vais essayer de faire moins de choses dans ma vie et tenter de mettre plus de vie dans les choses que je fais.