VERNACU... QUOI ?
Si l’un des objectifs principaux de ce projet reste l’expérience d’une aventure sportive et humaine riche à travers l'Eurasie, le second consiste à étudier les constructions traditionnelles des régions traversées.
Le terme Architecture Vernaculaire est l’expression qui caractérise ces constructions traditionnelles, intrinsèques à une aire géographique, à un relief, à une époque, à une société et à un climat donnés.
Notre but ?
Mettre en avant les intérêts d'une potentielle réappropriation de certains principes vernaculaires pour la conception moderne de bâtiments et de villes plus durables.
Selon un article récent publié par Le Monde.fr, la réactualisation du vernaculaire "s'inscrit pleinement dans notre époque et répond parfaitement aux questions actuelles sur l'avenir de la planète en s'appuyant sur le recyclage de matériaux locaux aux vertus bioclimatiques"
"Encore expérimental, le vernaculaire va désormais se généraliser"
Explications :
LE BATIMENT : UN LEVIER ENVIRONNEMENTAL
L'’impact des activités humaines sur l’environnement à l’échelle globale est aujourd’hui avérée par de multiples études. Parmi l'ensemble des activités humaines, le secteur de la construction est l’un des plus lourds en termes d’impact environnementaux !
En attestent ces quelques chiffres :
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En 2013, la facture énergétique de la France a augmenté de 12 %
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Elle représente 3.5% du PIB français contre à peine 1% dans les années 90
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Les ménages les plus pauvres consacrent près de 15% de leur revenu aux dépenses énergétiques
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Le bâtiment est responsable de 45% de la consommation énergétique française
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Le bâtiment représente 22% des émissions de CO2 françaises
(Chiffres ADEME)
Et ces statistiques françaises restent vraies pour le reste du monde ! Et malheureusement, la situation ne tend pas à s'améliorer en raison d'une urbanisation folle à l'échelle de la planète.
Le secteur du bâtiment constitue donc un immense gisement d'économie d'énergie sur lequel il est possible d'agir à court et moyen termes !
" Oui mais comment ? "
Face à ce constat, nous sommes convaincus que les façons dont l’homme, à travers les âges et les régions du monde, a pu surmonter les contraintes naturelles et façonner son habitat en fonction des réalités du terrain et du climat, constitue une source d’inspiration essentielle pour une conception moderne plus vertueuse et pour une urbanisation moins décadente.
LE VERNACULAIRE, DU PATRIMOINE PRESERVÉ, PEU ETUDIÉ MAIS A EXPLOITER
Originellement, les constructions humaines sont le résultat du bon sens qui pousse à l’utilisation rationnelle des matériaux disponibles localement et au développement de techniques adéquates pour les assembler. Le résultat est tout simplement une résilience accrue des bâtiments vis-à -vis du climat, et une pensée architecturale adaptée aux risques naturels locaux.
Mais on constate qu'à mesure que le secteur du bâtiment s’industrialise, l’abandon des principes constructifs locaux, résultats de centaines d’années d’expérimentation de l’homme face à son environnement, se fait au profit de procédés actifs modernes. Ces derniers sont alors énergivores et bien souvent polluants.
L’exemple typique est la généralisation de l’utilisation de la climatisation dans des zones climatiques tempérées. Cette dernière est souvent révélatrice d'un manque de réflexion sur le bâtiment en lui-même.
Ainsi, bien que révélateurs de milliers d’années d’expérimentations et de réflexions de l’esprit humain face aux difficultés locales, les principes vernaculaires sont partout progressivement oubliés.
« Mais pourquoi ça Jami ? »
Tout simplement parce que depuis l’après guerre, le phénomène d’urbanisation connait une croissance sans fin, rompant progressivement l’équilibre des approches constructives traditionnelles respectueuses du territoire.
UNE URBANISATION FOLLE, A L'OPPOSÉ DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Depuis 2001 plus d'une personne sur deux dans le monde vit dans les villes.
Victimes de leur succès, ces dernières connaissent désormais de grandes vagues d’immigration et deviennent de plus en plus le théâtre de problèmes sérieux d’approvisionnement de difficultés sociales, spatiales, et environnementales.
Le système urbain a longtemps été synonyme de progrès, mais on se rend compte désormais que l’urbanisation de la planète ne peut plus être considérée comme un phénomène exclusivement positif.
Ce phénomène est est encore plus fort dans les pays dits « en développement», dans la mesure où l’urbanisation y est bien souvent non planifiée et extrêmement rapide !
Aujourd'hui, 23 des 27 villes de plus de 10 millions d’habitants seront concentrés dans les pays en développement.
Les exodes ruraux s'accompagnent d'une recherche de modernité nouvelle et la pression exercée sur les ville entraînte une nécessité d’aménagement rapide de nouveaux espaces urbanisés.
Cela donne spontanément naissance à des principes de construction rapides et standardisés.
Les savoir-faire vernaculaires des anciens deviennent alors synonymes d’archaïsmes dans l’inconscient collectif. Finalement déconsidérés, ils finissent par être progressivement oubliés par les acteurs de la construction moderne.
Nous allons donc traverser l'Eurasie en suivant approximativement la Route de la Soie, à la découverte des savoir faires ancestraux à remettre au goût du jour pour une architecture moderne plus vertueuse !
En parallèle de notre périple, un ami ingénieur, Evan Kervinio, réalisera également un voyage (http://bifaroundtheworld.over-blog.com/) avec pour but d'étudier l'architecture vernaculaire en Océanie et Amérique du Sud. Nous basant sur un grille d'analyse commune, nos études communes seront d'autant plus pertinentes qu'elles ciblent diverses zones géographiques !