LES PREMIERS COUPS DE PÉDALE JUSQU’À PANAM !
L'OUEST DE LA FRANCE
Du 13 Septembre (Quimper - France) au 22 Septembre (Paris - France)
Voilà maintenant plus de 10 jours que nous sommes partis de Quimper ; il est donc temps de dresser un premier petit bilan : 800 kilomètres, une crevaison et quelques autres petits ennuis matériels, des soirées sympas chez des proches, des animaux, un peu de vernaculaire et du camping sauvage en veux-tu, en voilà !
Revenons plus en détails sur ces premiers jours de pédalage à travers la Bretagne, les Pays de Loire et le Centre.
UN DEPART EN FANFARE
Le départ avait donc été fixé, sur le tard, depuis l’esplanade François Mitterrand à Quimper le samedi 13 Septembre à 9h, de manière à marquer le coup avec quelques partenaires privilégiés, à savoir Le Crédit Agricole, le Conseil Général du Finistère et le Collège Kervihan.
En ce samedi matin, il fait beau, l’air est humide : les conditions idéales pour donner le premier coup de pédale !
Revêtus de nos tee-shirts fraichement réalisés, nous sommes, à notre surprise, sollicités rapidement par la presse présente au rendez-vous. Mais les sourires sont là, pas de boule au ventre, seulement un léger stress peut-être ? Le travail médiatique avec lequel nous sommes peu coutumiers, y contribue sans doute. Puis c’est l’heure des photos souvenirs avec la famille, les partenaires, le collège, et pour les journaux.
10h, nous embrassons nos proches sans vraiment réaliser que ça y est, nous partons ENFIN pour ce Quimper – Pékin à vélo que nous préparons depuis plus d’un an et demi ! Une fois en selle nous oublions de nous retourner sur le coup de l'émotion. Nous restons accompagnés de la mère de Simon pendant les premiers kilomètres.
Cette première journée tant attendue se déroule comme sur des petites roulettes, sous le soleil, entre terres agricoles et littoral. Nous croisons beaucoup de cyclistes et randonneurs sur la route.
L'enchainement de petites montées et descentes à travers champs nous mènent finalement jusqu’à Ploemeur, non loin de Lorient, pour à l’arrivée profiter d'une soirée crêpes prévue chez l’oncle et la tante de Simon. Mais pas avant une dernière baignade dans l’eau salée à Fort Bloqué ! Le sourire aux lèvres, nous profitons, sur le sable, des rayons de soleil de Septembre. Soulagés d’être enfin partis (mais aussi bien arrivés), de laisser derrière nous le stress des derniers préparatifs, et de n’avoir subi aucun déboire pour ce premier jour d’un voyage d’un an, nous nous endormons sereins et dans un lit !
UNE MISE EN BOUCHE BRETONNE UN TANTINET COMPLIQUEE
Le lendemain, nous nous levons vers 8h mais ne partons qu’à 11h pour faire cap plein Nord dans le but de retrouver Evan Kervinio, troisième larron de l'équipe à vouloir étudier l’architecture vernaculaire, qui vit dans la jolie bourgade de Melrand, à 60 km de l’agglomération lorientaise, non loin de Pontivy.
A l’instar du premier jour, la journée est belle et agréable, surtout lorsque nous atteignons la rivière du Blavet après avoir galéré une bonne heure de la Voie Express, accompagnés par l’oncle et la tante de Simon, des fadas du vélo qui filent bon train durant toute la matinée, nous laissant un peu à la traîne…
Ouf ! C’est l’heure de la pause casse croûte à Hennebont, l’occasion de reprendre des forces ! Le pique-nique se passe en compagnie du cousin de Simon.
L’après-midi est ponctuée de courtes pauses pour reprendre des forces bien sûr, mais aussi pour photographier les quelques belles maisons à toit de chaume bordant le cours d’eau. Le sentier, tantôt bitumé, tantôt gravillonée, est très fréquenté par tous les âges, la bonne humeur est au rendez-vous et ça, ça fait plaisir !
Mais, à 12 km de l’arrivée, patatra, Vincent crève aux abords d’une écluse, tout comme en Belgique il y a plus d’un an. C’est le second pépin de la journée, puisqu’au petit matin, avant le départ, sa béquille avait déjà lâché sous le poids des sacoches ! Une journée sans quoi !
Qui plus est, la réparation est fastidieuse, nous perdons près d’une heure pour trouver la cause de la crevaison. De nouveau en route, le pneu se retrouve de nouveau plat 10km plus loin. Vincent sera alors ramassé par la voiture balai d’Evan, à 1 km de l’arrivée. « T’es Mauvais Jâck ! ». Tant pis, nous fêtons donc les 62 km de Simon et 61 km de Vincent par un apéro bien mérité !
Nous ne repartons le lendemain qu’en début d’après-midi pour résoudre cette histoire de pneu, passer quelques coups de fil en lien avec le vernaculaire le matin et bien discuter avec Evan.
Comme prévu, nous avons dû revenir sur nos pas sur environ 15km avant de refaire cap à l’Est, direction Vannes.
Le pays étant quelque peu vallonné, dans certaines montées nous cravachons dur avec nos 30kg d’équipement, on se dit que l’on va très probablement pleurer lorsqu’on aura à pédaler dans les Alpes…Nous suivons des itinéraires séparés des grandes départementales avec quelques fois la surprise de devoir progresser à travers des sentiers de VTT, c’est un peu galère mais ça passe !
Passé Grand-Champ, la route et parfois les chemins n’ont plus fait que descendre jusqu’à Vannes, ville dont nous visitons le quartier médiéval sur les coups de 18h30. De nombreuses maisons à colombages y sont maintenues en état. Si les maisons ne sont plus construites de la sortes depuis le 19ème siècles, ces dernières constituent un vrai patrimoine architectural !
Après un petit arrêt au port de plaisance, nous quittons la ville la nuit tombante pour avancer encore un peu de manière à respecter notre rendez-vous avec un ami à Nantes le lendemain, et pour camper à l’écart de la ville. Munis de nos gilets jaunes de sécurité et de nos frontales nous roulons une bonne heure dans le noir, le long de la N165. Ce soir-là, le campement est dressé sur les coups de 22h, au point de corner du terrain de foot de la Trinité-Surzur. Au menu : pâtes, sauce tomates et dodo !!
UNE JOURNEE MARATHON JUSQU’A NANTES
Le mardi 16 Septembre est la date à laquelle nous quittons notre Bretagne natale, pour arriver à Nantes : au petit matin nous prévoyons quelques 110km à parcourir, mais déjà nous nous réveillons avec une belle surprise : l’eau de condensation s’accumule énormément sur la toile extérieure de la tente et elle touche la moustiquaire intérieure : il n’a pas plu mais nous sommes inondés ! Pas d’autre choix que d’attendre que les toiles et tapis de sol soient secs avant de repartir.
Premier coup de pédale à 10h15, nous ne sommes pas en avance… la journée s’annonce rude et elle le sera… Nous laissons Muzillac sur notre gauche, traversons des champs d’éoliennes, mangeons au resto ouvrier à Arzal : fat open entrée et plat pour 9€, pendant près de deux heures on se donne presque davantage pour manger que pour avancer, nous le regretterons…C’est un peu la 'faute' de Lena, charpentière de marine avec qui nous bavardons un long moment à table.
La Vilaine passée, nous rencontrons en route un ancien coureur cycliste, qui nous guide par de petites routes jusqu’à l’entrée du Parc de la Brière, à la Chapelle de Marais. Pause technique chez ce monsieur dénommé Jean Yves, que nous saluons au passage, excellent conseiller en matière de cyclisme.
Après avoir traversé du Nord au Sud le Parc de la Brière, aux allures de Camargue, nous arrivons un peu fatigués, il faut bien le dire, au niveau de la rive nord du Pont de Saint-Nazaire. Et là, il nous faut une bonne dose de concentration pour traverser ce pont de 2km sacrément pentu et plutôt très fréquenté ! Simon ne s’arrête pas pendant que Vincent tente de prendre quelques photos et ce n'est pas simple, la voie vélo est étroite et les camions et cars filant à 70 km/h ne s’écartent pas pour autant. La descente du pont se fait à concentration maximale ! Et oui, le vent souffleant à cette hauteur et dans l'axe de la Loire, nous sommes vite soumis à diverses forces de pression qui nous font vaciller.
Il est 18h lorsque nous franchissons cet obstacle plus éprouvant que nous le pensions !
Vincent se croit sauvé car proche de Nantes, mais en suivant l’itinéraire de la Loire à vélo, nous retournons sur Terre en apercevant un panneau indiquant fièrement : « NANTES – 59 km ».
Cette dernière ligne droite à travers le bocage et les troupeaux de vaches se transforme vite en chemin de croix tant les kilomètres ne semblent pas défiler. Puis nous subissons les aléas du climat avec nos premières gouttes de pluie ; chouette ! le moment de tester les vestes techniques ! Pressés, nous ne prenons même pas le temps de nous arrêter pour assister aux premiers pas d’une petite génisse qui vient de naître aux abords du sentier.
Sur les coups de 20h (et sous les assauts de moustiques voraces), voyant notre retard s’accumuler, nous faisons de nouveau appel à la voiture balai pour ne pas arriver trop tard chez les proches (par politesse bien sûr…bon en fait, on était vraiment mort et continuer à forcer n’aurait pas été bénéfique du tout). Shame on us ! ...
Cette dernière viendra nous chercher à 21h à Le Pellerin, à 25 km de Nantes. Nous arrivons donc à Nantes…en voiture…vers 22h, Vincent chez sa sœur et Simon chez un ami d’enfance, Gaëtan.
Le mercredi 17 Septembre est décrété d’un commun accord journée de pause compte tenu des 113 km parcourus la veille. Après une journée détente, famille, courses et réparation vélo dans la capitale du 44 en construction, nous profitons le soir du barbecue dans le jardin de Gaëtan, Émilie et du chat, Havane. Y’a pas à dire, Nantes c’est plutôt calé !
LA LOIRE A VELO : C’EST QUAND MÊME PAS MAL !
Les deux jours suivant cet arrêt non prémédité à Nantes se passent le long de la Loire jusqu’à Saumur ou plus précisément Louerre, avec une nuit en camping sauvage à Ingrandes. Ces deux étapes, plutôt courtes et sans difficultés, nous ont permis de retrouver le soleil ainsi qu’un certain rythme plus tranquille, idéal pour profiter des paysages lumineux et pleins de charme que peuvent offrir les bords du fleuve.
Bon en réalité, tout n’est pas si rose, nous sommes quand même parvenus à nous égarer plusieurs fois pour nous retrouver pendant plusieurs kilomètres le long d’un sentier bien rocailleux tout à côté d’une ligne TGV…
Les toits de chaume bretons disparaissent et laissent place à des bâtiments de plus en plus bourgeois à mesure que l’on se rapproche d'Angers et de Saumur, le tout se fondant dans un décor majoritairement rural. La Loire à vélo se fait bien, mais on est quand même loin de la précision d’entretien des voies cyclo à l’allemande …
A Ingrandes, nous campons au bord de la Loire et assistons, au sec, au superbe spectacle des orages lointains. Ces derniers nous réveillent à 6h du matin le lendemain, mais forts chanceux, nous restons bien au sec !
La dernière journée en bord de Loire est forte en vernaculaire et se termine en fanfare chez la tante de Vincent qui possède une grande propriété faite de corps bâti et d’habitat semi-troglodytes. Nos hôtes se font un plaisir de nous faire tout visiter. Michèle et Thérèse, mère et grand-mère de Vincent sont également présentes, nous sommes ce soir-là bien entourés !
UNE LIGNE DROITE VERS LA CAPITALE
Durant les 4 jours qui suivent, nous passons par 6 départements (Maine et Loire, Sarthe, Eure et Loir, Essone et Paris) et 2 régions (Pays de la Loire et Centre) En traçant tout droit via Noyant, La Chartre sur le Loir, Savigny sur Braye, Montdoubleau, Brou, Chartres, Rambouillet et enfin, Paris ; les journées et paysages se sont suivis et ressemblés, formant un tout homogène mais quelques peu ennuyant…
La première journée, samedi 20 septembre, est faite de départementales rectilignes sans grands intérêts si ce n’est que nous assistons à la récolte de chanvre en quantité, nous enivrant d’une odeur particulière… malgré quelques dénivelés, la matinée restera monotone et marquée par des pensées incessantes pour nos amies. Nous progressons alors vers une après-midi toute aussi peu joyeuse mais restons tout de même satisfaits de notre progression rapide à base de 19 km/h contre 16 d’habitude.
Nous profitons ponctuellement des énormes cultures industrielles de pommes jusqu’aux alentours de Marçon où nous découvrons un presbytère datant du 13ème siècle, de quoi éveiller notre curiosité pour toute la journée.
Le campement du soir est établi à Marçon, au bord du Loir, après 90 km avalés rapidement. Nous nous couchons en espérant avoir une journée plus agréable au réveil…
Pas de bol, au réveil, le temps est maussade puis nous prenons la pluie jusqu’à La Chartre sur le Loir où nous faisons le plein de ravitaillement. Petite séquence émotion : un vieil homme passionné de voyage nous invite, la larme à l’œil, au café du coin après que nous lui ayons raconté notre projet.
Nous reprenons la route, face au vent, avec la pluie qui se joue de nous en ne tombant que par intervalles réguliers de 10 minutes : il est 12h et nous n’avons parcouru que 20 km… « C’est pas bon ça Jack ! »…
La suite de la journée est ponctuée de nombreux « arrêts vernaculaires » avec des nouveaux habitats troglo, un pigeonnier de la Renaissance, une tour médiévale et les commanderies des templiers d’Arville ; et oui Journée du Patrimoine oblige !
La suite du trajet jusqu’à Paris se fera dans la douleur, contre le vent jusqu’à Chartres, à travers la campagne d’Eure et Loir, dépourvue d’arbres, nous nous retrouvons à évoluer contre le vent, sur des départementales très fréquentées. Les automobilistes roulent vite, très vite, tout en nous frôlant sans aucune gêne. On sent que l’on se rapproche du stress de la capitale. Nous sommes contraints de mettre en place notre écarteur de voiture fait d’un bâton de marche et d’une petite lampe décathlon ; cela fonctionne assez bien.
Nous parvenons épuisés à Chartres vers 15 après 55 km avalés le matin à travers champs ; il est donc l’heure de manger un peu et de visiter la superbe cathédrale Notre Dame de Chartres, construite au XIIème siècle et en rénovation depuis 2008. Nous quittons la ville vers 17h pour nous établir le campement 1h plus tard à côté d’une station d’épuration !
Mardi 24 Septembre, la météo est au rendez-vous : pas un nuage pour cette dernière journée avant Paris ! Au réveil la tente est toujours bien humide, nous réglerons cela avec les vendeurs du Vieux Campeur :)
Nous sentons rapidement que nous nous rapprochons de la capitale, à partir de 10km avant Rambouillet, l'itinéraire devient urbanisé, la densité plus importante et les gens plus stressés. La vallée de Chevreuse nous permet de prendre une dernière bouffée d'air frais avant la capitale.