COMME UN SECOND DEPART
L'EST DE LA FRANCE
Du 30 Septembre (Paris - France) au 09 Octobre (Faverois - France)
Une nouvelle coupe de cheveux pour l’un, toujours plus de barbe pour l’autre !
C’est (re)-parti !! mais tout doux…il ne faudrait pas se blesser tout de même…
« Et oui, c’est la reprise ! »
En ce mardi 30 septembre, nous sommes en petite forme et 40km seront suffisants. Cap vers…l’ouest moussaillon ! Et oui, pour ce nouveau départ nous nous rendons à Plaisir, à l’ouest de Paris, chez M. et Mme Duhem, qui nous font l’honneur de nous héberger dans leur demeure, la ferme du Buisson datant du 17ème siècle, que nous comptons étudier pour notre projet concernant l’architecture vernaculaire !
Après deux petites heures de déambulations diverses à travers la capitale (photos clichées obligent), nous retrouvons notre hôte Bernard, grand fan de vélo et fervent défenseur du patrimoine architectural rural français, au Château de Versailles. Nous pédalerons ensemble une vingtaine de kilomètres jusqu’à Plaisir, l’occasion pour nous d’en apprendre sur la région que Bernard connait par cœur !
Nous avons passé une petite semaine à courir à travers la capitale pour revoir les amis, trinquer à droite à gauche, finaliser les achats, négocier ferme au Vieux Campeurs pour régler quelques soucis matériels et enfin terminer nos vaccins ; cette demi-journée de vélo nous permet de remettre calmement le pied à l’étrier ! Mais devant nous, Bernard file tout de même avec une bonne cadence, nous laissant, nous les soi-disant vigoureux jeunots, un peu à la traine…Nous avons encore du chemin à parcourir pour devenir des cyclistes aguerris !
Suite à cette étape « vernaculaire », nous traversons de nouveau la vallée de Chevreuse où nous étions une semaine plus tôt, afin de progresser désormais dans le bon sens, cap à l’est (et pour un moment…) ! C’est un peu dur moralement de passer une nouvelle fois dans ces bois… mais au final ça y est, nous savons que «nous prenons la route pour de bon » ! Si pour le corps, un km reste un km, nous ressentons désormais chacun d’entre eux avec une saveur différente, comme si les huit cent premiers kilomètres de Quimper à Paris n’avaient été qu’un échauffement.
Nos petites balades champêtres à travers le sud de la région parisienne sont ponctuées de tests des équipements nouvellement acquis :
Système D pour éviter la condensation intérieure dans la tente : c’est mieux mais pas encore parfait …
Charge du matériel électronique via l’E-Werk connecté à la dynamo de Vincent
Prise en main du second appareil photo, l’Olympus comme on l’appelle.
Mise en place de pédales avec fixation mécanique pour nettement améliorer le rendement de pédalage pardi ! Au final c’est quand même un peu casse gueule par moment, il faut le temps de s’y faire.
Surpasser le traumatisme « gras de jambon » pour Vincent (voir le journal Paris-Berlin) !
Vincent ressort vainqueur d’une lutte acharnée avec une redoutable tranche de jambon bien grasse !
Le système D bien mieux que la tentative d’embrouille du fournisseur à base de « double haubanage en Y inversé portant une toile thermo-soudée par ultrasons », ni de test en soufflerie…
Une route faite de surprises !
Les jours passent et nous sentons que nous nous immergeons vraiment dans l’aventure ; dans ce pour quoi nous avons travaillé des heures pendant un an. Nous jubilons régulièrement lorsqu’au détour d’une discussion, assis les fesses dans la terre avec un bol de pâtes dans les mains que nous avalons à la lampe frontale, nous prenons soudainement conscience de notre condition originale.
Globalement, et tout en essayant de rester objectifs, nous pensons que plus on s’éloigne de Paris mieux c’est et plus les découvertes que nous faisons sont agréables ! Et cela se ressent sur de nombreux sujets : la façon d’être et la confiance des gens, la façon de conduire et la tolérance vis-à-vis des cyclistes, les paysages, le nombre d’animaux observés, et l’architecture bien sûr !
Cela commence dès la sortie de la Forêt de Fontainebleau où nous restons surpris par les klaxons amicaux des routiers de la D606 qui nous saluent régulièrement d’un geste de la main. Nous ne savons pas réellement pour quelle raison, mais une chose est sûre, cela nous fait plaisir et nous met le sourire aux lèvres.
Chaque jour nous nous perdons plus ou moins volontairement à travers la campagne française et découvrons tantôt les pistes hasardeuses à travers champs, tantôt les grandes départementales rectilignes empruntées par les fadas du volant, tantôt de véritables « petits havres de paix » tels que « La vallée » de Dormel : une oasis de calme et de patrimoine préservée !
A vélo nous sommes silencieux, ce qui nous permet d’approcher et d’observer davantage la faune qui nous entoure : des lapins, des faisans, énormément de rapaces en Bourgogne, une biche (ou peut-être était-ce un chevreuil ? difficile à dire), énormément d’oiseaux en tout genre, des hérissons, des sangliers, des élevages de moutons et beaucoup, mais vraiment beaucoup de vaches. Pour Vincent, chaque vache semble être une heureuse surprise et il se charge de lui tirer son portrait.
Mais malheureusement nous constatons également les ravages de la circulation automobile sur ces espèces régulièrement heurtées…
En termes de mauvaises surprises, il faut encore chercher du côté du matériel : plus les jours passent, et plus Simon se dit que quelque chose cloche avec ses lunettes : « hey mais je t’assure que je vois moins bien avec mes nouvelles lunettes, mec ! ». Après expertise d’un opticien à Montbéliard, et plusieurs coups de fil au Vieux Campeurs, une grosse baleine sous roche est constatée dans le report des corrections de l’ordonnance. Donc, depuis Quimper, Simon ne voit pas nettement les paysages qui l’entourent jusqu’à ce que la journée de vélo soit terminée et qu’il remette ses vieilles lunettes, soit lorsque la nuit arrive …
Malgré cet inconvénient quelque peu comique, nous découvrons tous les jours des paysages variés et parfois radieux.
Si le paysage général dans ses grands traits (la flore, le relief, la densité de population) évolue lentement au gré de nos petits 15km/h de moyenne, les belles surprises paysagères sont régulières au détour d’un virage, au sommet d’une côte, au sortir d’une bifurcation et nous évitent tout sentiment de lassitude.
Une chose est certaine : la France est belle, et ce ne sont pas les voies nationales qui permettent d’en prendre conscience !
Une route faite de rencontres
Conscients que notre bilan en rencontres fortuites durant le chemin entre Quimper et Paris reste médiocre, nous sommes maintenant déterminés, au sortir de la région parisienne, à être moins frileux au moment d’aller aller frapper aux portes.
Et nous sortons de cette semaine française bien plus satisfaits : sur la route depuis Paris jusqu’à Montbéliard, les rencontres sont plus nombreuses et plus aisées. Sans doute sommes-nous plus relâchés et ouverts à la discussion ? Il s’agit en premier lieu de rencontres d’hôtes d’un soir, mais aussi de rencontre d’illustres et curieux pékins nous interpellant, désireux d’échanger avec nous durant la journée. Grâce à eux nous prenons progressivement conscience que nos drôles de sacoches, si elles interpellent et étonnent, ont le mérite d’ouvrir des portes. Parmi ces rencontres, toutes ne sont pas forcément intéressantes mais à défaut nous apprenons à écouter et à analyser pour mieux comprendre ce que telle ou telle personne attend de nous.
Comme "curieux pékins", nous pouvons citer les deux galeristes de Barbizon, père et fils, qui parlent beaucoup, nous narrent leurs expériences personnelles de voyages pour en venir à nous conseiller un peu caricaturalement de nous méfier de tout le monde. Ont-ils raison ? Nous verrons bien, pour le moment nous constatons plutôt que les gens sont davantage près à nous aider qu’à vouloir nous dérober quelque objet.
Un soir, un certain Philippe, bûcheron de profession, nous raconte, autour d’une bière, ses déboires en justice : « l’avocat me l’a dit, je vais les avoir, et ils vont cracher j’peux t’le dire ! » ; son expérience de la forêt et de la conduite d’engins de travaux publics. Nous écoutons ses constatations actuelles « Les mecs ont tout ratiboisé comme des cochons, un scandale, ils ont massacré la forêt ici ! Des belles pousses d’arbre rares ! Aujourd’hui les gars ne savent même plus faire la différence ! Un vrai bûcheron, il aime la forêt et la nature. Tous les jours, j’évolue parmi les animaux, je travaille chez eux et il faut les respecter », pour terminer par nous remercier pour l’avoir juste écouté le temps de quelques heures.
A la sortie d’une boulangerie non loin de Voulx, un cycliste, apiculteur, ayant repéré nos belles petites têtes de rookies, nous conseille de suivre la route 111 à travers la vallée du Lesachtal dans l’Est-Tyrol autrichien, afin de rallier la Slovénie. Si, lorsqu’il les prononce, ses mots sonnent comme du chinois à nos oreilles de Padawan non encore parvenus hors d’Hexagone, nous pouvons, à l’heure où nous écrivons ces lignes, affirmer que nous ne regrettons pas d’avoir pris le temps d’écouter ce que ce monsieur avait à nous dire ! (cf. galerie photo des Alpes).
C’est aussi la dame du musée juif de Chablis qui nous installe devant un écran pour nous montrer les travaux de rénovation de la maison accueillant aujourd’hui le musée.
Kilomètre après kilomètre, nous comprenons progressivement que ces rencontres improvisées sur la route vont ponctuer notre voyage jusqu’à Pékin et que ces dernières vont nous apporter énormément ne serait-ce qu’en souvenir mais aussi en échanges, enseignements, rires, et réflexions en tout genre !
Le voyage crée-t-il les rencontres, ou bien est-ce que ce ne sont pas plutôt ces dernières qui rendent le voyage intéressant ? Problématique séduisante, ça tombe bien, nous avons un an pour cogiter sur le sujet !
A l’opposé, nous réalisons bien souvent que nous sommes aussi vraiment seuls, nous, nos pédales, nos réflexions individuelles et collectives et nos sales caractères respectifs, destinés à devoir se supporter et à déconner durant 18 000 km, sous le soleil jusqu’à présent, mais bientôt également sous la pluie ! notre style attitude correspond alors régulièrement à du grand n'importe quoi !
Où va-t-on dormir ce soir ?
Sur la route jusqu’à Montbéliard nous réitérons plusieurs fois les nuits en tente. La seule règle que nous nous fixons : sécurité ! Ou bien nous nous renseignons et nous nous nous faisons connaitre auprès du voisinage ou bien nous tentons d’être « invisibles ».
C’est parfois compliqué, comme à Auvernaux, où nous avons carrément établi le camp devant la route (qui plus est à un petit mètre d’une déjection canine). Parfois l’opportunité de couchage se crée d’elle-même, tout naturellement, comme au « camping du lac » de Cintrey où nous profitons, avec l’autorisation téléphonique du propriétaire, d’un espace de camping en dépôt de bilan.
Pourtant Jack, notre but c’est bien de « comprendre l’habitat par son acteur premier, l’habitant » non ?
Mais comment nous y prendre ? Nous varions les discours, parfois calculés parfois totalement improvisés. En Île-de-France, les réactions souvent craintives et suspicieuses de ses habitants nous permettent, au rythme de nos échecs, de faire évoluer nos tentatives un brin naïves et sans doute maladroitement menées vers de réelles sollicitations dépourvues de toute ambiguïté en vue de réduire les possibilités de fuite narrative de notre interlocuteur du moment. Bientôt, sans pour autant nous montrer insistants, nous nous montrons capables de rebondir face aux tentatives de défilement telle que la classique « il y a une auberge pas loin ».
Nous ressentons désormais plus facilement à la première réaction le degré d’ouverture de notre interlocuteur. Il reste tout de même régulier, voire parfois caricatural, de constater que les gens font semblant de ne pas comprendre…c’est compliqué, décourageant parfois…Comment va-t-on faire à l’étranger avec la barrière de la langue si même en France nous n’y parvenons pas ? "Allez ! let's go ! Au pire on essaiera chez le voisin" se dit-on !
En tant que premier hôte improvisé du voyage, « Manu » de Voulx restera dans nos mémoires un personnage important de l’aventure. Après nous avoir offert de nous réapprovisionner en eau, il nous a généreusement proposé de planter notre tente dans son jardin, nous offrant ce que nous recherchons en premier lieu chaque nuit : la sécurité et la sérénité.
Heureux comme des enfants à Noel, nous avons même le droit à une douche éclairée à la frontale par le tuyau d’arrosage ! « Ahhhh, une douche mec ! ça fait vraiment trop du bien ! On est vraiment vernis ! ».
A Pontigny, après avoir roulé près de 90 km, nous sentons (ou ne sentons plus ?) nos jambes lourdes et nous profitons de la présence d’une grande Abbaye pour questionner les visiteurs et le personnel : c’est Cédric, le gardien qui se démènera pour que son ami JB de la « mission de France » nous trouve un abri… et quel abri ! Nous y arrivons sur la pointe des pieds de peur d’être parvenus jusqu’à un centre d’aide aux sans-abris. Il n’en est rien, JB nous ouvre les portes du paradis avec cuisine, deux bières à siroter au soleil, une chambre, lessive, douche chaude, et ouverture d’esprit en prime ! Un accueil au top qui a de quoi faire réfléchir un peu les athées que nous sommes sur notre
vision un peu caricaturale de la religion!
En ce pluvieux dimanche 5 octobre, après une journée sous la pluie et un déjeuner de galérien dans le froid mais à l’abri d’un porche d’une grosse église d’un tout petit bled, nous abordons bientôt notre première côte en « lacets » sous les yeux des chasseurs qui attendent patiemment la sortie du gibier. Nous espérons simplement ne pas être confondus avec des sangliers errants….
Quelques peu exténués, trempés et les nerfs un peu à vifs nous parvenons à Auberive, village que nous nous étions fixés comme point de chute de la journée ! Nous nous abritons sous le porche du bureau de poste local. Un œil à l’horizon, personne… Question récurrente du soir : Où va-t-on dormir ? Nous essayons l’église, une vieille dame vient fermer l’église : malentendante, la discussion tourne court et cela rappelle à Simon les échanges avec son grand-père.
Ascenseur émotionnel de folie : de l’enfer de la nuit froide et humide en tente (humide elle aussi) qui pointe le bout de son nez dans nos esprits, nous parvenons (après nous être perdus l’un l’autre dans le bourg) à nous faire hébergés à l’Auberge Abbatiale d’Auberive, c’est-à-dire au paradis de la douche chaude, du lit douillet et des décors médiévaux ! Comme si nous n’étions pas assez chanceux, le chef de l’auberge nous fait l’honneur de nous préparer un succulent dîner, le tout dans la salle à manger du lieu, richement décorée, ambiance médiévale au rendez-vous messire !
Il fait bon vivre dans ta maisonnette !
A Villesexel, Serge et Huguette sont des agriculteurs retraités qui par passion et par devoir travaillent encore aux côtes de leur fils, Florent, qui a repris le flambeau de la ferme laitière ! Serge est une personne très bavarde et une véritable encyclopédie vivante que l’on aimerait garder constamment ouverte et à proximité pour pouvoir la consulter des heures durant !
Photo souvenir avec Serges et Huguette
Ces sympathiques personnages nous ont fait découvrir leur exploitation, la traite des vaches ainsi que l’allaitement des petits veaux. Un réel moment de plaisir et de découverte pour nous autres citadins plus habitués à être rivés devant des écrans durant 8h plutôt qu’à évoluer au milieu des vaches… Cela nous fait réellement du bien !
Florent en plein travail dans la salle de traite
Au fil de nos discussions, nos hôtes découvrent également que nous ignorons tout de la spécialité culinaire laitière locale outre le fameux comté : la cancoillotte !! Durant cet arrêt d’un soir, même nos babines en prennent plein les yeux (si l’on peut dire) !
A Montbéliard, après avoir roulé en compagnie d’un flot presque incessant de camions transporteurs de véhicules Peugeot, nous expérimentons pour la première fois l’efficacité du réseau en ligne interplanétaire (rien que ça) « WARM SHOWER » : il s’agit d’un réseau solidaire à la « Coach surfing » davantage basé sur une solidarité réduite au monde des baroudeurs cyclistes avec en plus le principe ancestral dit du « donnant-donnant » : « Je t’héberge car un jour, après avoir roulé sur les routes du monde, j’ai moi-même été hébergé. A ton retour, tu comprendras alors rapidement que tu en feras autant ! ». Et réciproquement.
S’initie alors une soirée familiale agréable en compagnie de Djaanan, une sympathique turque qui est passée par la même école d’ingénieur que Vincent et qui rentre à vélo en direction de son pays natal depuis Nantes via l’Eurovéloroute n°6. Nous en profitons pour glaner auprès d’elle un maximum de conseils et bons plans en tout genre en prévision de notre futur mois de pédalage dans le froid hivernal de son pays natal.
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En définitive, nous comprenons durant cette belle semaine que d’ici notre arrivée en Chine, chaque nuitée sous un toit sera différente et que l’on nous proposera à chaque fois quelque chose de nouveau. Parfois, il s’agira de peu comme à Voulx, parfois d’énormément comme à Auberive, parfois de l’assurance d’un hébergement prévu grâce à Warm Shower, parfois d’une étude vernaculaire comme à Plaisir, ou bien parfois nous aurons tout simplement des étoiles plein les yeux comme lorsque nous écoutons parler la sagesse de Serge l’agriculteur.
Chaque nouvel accueil est empli d’une saveur particulière à chaque fois différente mais toujours agréable et source de merveilleux souvenirs de par la découverte de personnalités nouvelles !
Suite à cette prise de conscience nous décidons de mettre en avant toute ces personnes toutes plus mémorables les unes que les autres, au travers de notre petite galerie photo : « NOS HOTES ». N'hésitez donc pas à la consulter !
« To be continued… » car au moment de passer la frontière nous ne faisons pas non plus les malins car une question reste en suspens : serons-nous aussi « performants » et aussi agréablement accueillis à l’étranger ?
"Et sinon vous faites quoi de vos journées ?"
C’est la question que l’on nous pose parfois et que nous nous posons à nous-même parfois…
Ces dernières journées françaises sont faites de longs débats politico-philosophiques en selle : la sensibilisation aux métiers manuels dès les classes primaires, les avantages nécessaires ou non des fonctionnaires, l’homme qui voulait être heureux, les religions, de l’intérêt de laisser les moteurs des camions allumés (nous n’avons jamais pu trouver une réponse…) ou encore du niveau de vulgarité de l’expressions « c’est la mémerde » dans nos carnets de voyage…
Nos 5h de vélo quotidiennes passent donc plus ou moins rapidement au rythme de ces débats plus ou moins houleux et sans forcément d’intérêt et pour lesquels nous présentons presque systématiquement des avis opposés. Le ton hausse donc par moment, mais c’est plutôt rigolo au final ! Bien entendu nous abordons régulièrement les sujets de politique énergétique et de thermique du bâtiment, et nous ne pouvons nous empêcher de penser, chacun de notre côté, à nos chéries qui de leur côté doivent patiemment attendre de nos nouvelles…
Mais à part cela, notre pain quotidien se construit également autour de quelques statistiques de route (déformation professionnelle oblige), de l’entretien de nos bolides, des courses en vivres et gaz, des étirements, du règlement des dernières paperasses administratives (assurance internationale, rappels de vaccin), prise en photo de tout ce qui bouge (ça c’est davantage la tasse de thé de Vincent), et rédaction de nos journaux de voyages personnels dans nos petits carnets en prévision d’un éventuel manque d’espace mémoire cérébral une fois à Pékin, on ne sait jamais...
Bref, durant cette semaine, nous refaisons régulièrement le monde (et la France) sans pour autant conclure sur quoi que ce soit, et nous comprenons tout simplement que vivre et s’ouvrir au monde présent autour de nous, et bien ça prend du temps !
Et vous l'aurez également compris (si vous avez tout lu jusqu'ici) la dernière activité chronophage qui peut parfois demander énormément d’effort en fin de journée, consiste à négocier entre nous à propos du spot de plantage de tente quotidien pour les cas où il ne nous a pas été possible de nous faire héberger pour la nuit…
Recharge en courses en tout genre avant de passer la Suisse !
Enfin, il nous faut parfois faire preuve d’une fine concentration poussée à l’extrême en vue de …ne pas nous perdre…« Se perdre en France ? avec Google Map, internet ? Nooooon !»….tu parles !
Après notre halte à Montbéliard d’une demi-journée, nous comptons rejoindre Porrentruy en Suisse histoire de passer la frontière. Peu avant, nous faisons le plein de vivres de manière à ne pas trop à avoir à connaitre les tarifs suisses…
Mais notre légère fatigue et manque de lucidité en décide autrement et nous nous perdons entre Delle et Montbouton avec en prime une super côte à près de 20% nous obligeant à mettre pour la première fois pied à terre. Découragés, nous disant que la Suisse ne veut pas de nous, nous décidons de rebrousser chemin et d’aller à Delle. Avec la pluie qui tombe à grosses gouttes, nous n’avons plus qu’à effectuer une belle marche arrière pour retomber sur nos pas et filer vers cette ville frontière, où nous parviendrons à 20h dans le noir et trempés. La seule activité du centre étant le bar, il nous en faut peu pour nous convaincre de nous y arrêter pour admirer les superbes et très subtiles clips de Keen-V, le temps que la pluie cesse (nous en profitons pour saluer au passage la précision des supercalculateurs de « va-t-il pleuvoir dans l’heure ? » de météo France).
Finalement, nous repartons sous un ciel moins menaçant en quête d’un champ où planter la tente que nous trouvons vers 22h, parmi les limaces. Nous mangeons donc une nouvelle fois à la frontale, une petite salade préparée à même la tente...
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Un Petit bilan de Jackys au sortir de la France
Nous levons un peu le pied : 64 km par jour en moyenne : pas la peine de faire plus de 80 km par jour au risque de le regretter le lendemain.
Il nous faut au moins deux heures de préparation le matin (se lever (pour vincent c’est plus long), ranger les affaires et s’habiller, démonter et plier la tente, faire le petit déjeuner, manger, faire la vaisselle
Il nous faut au moins deux heures pour planter la tente, manger, faire la vaisselle, nous laver (lorsque c’est possible)
Une fois sous la tente, nous sommes vraiment creuvés
Simon mange deux fois plus que vincent
Simon va deux fois plus souvent au WC que vincent
Au vieux campeur nous a mis quelques bonnes quenelles (tente, lunettes, vestes, …)
Faire tout ce qu’on a prévu de faire, c’est compliqué …
Quand nous avons l’opportunité de « faire de la tablette » (itinéraire, trie des photos, mise à jour du site internet, donner des nouvelles...) on ne peut pas rouler plus de 70 km dans la journée…la réciproque est également vraie...
Nous n'avons qu'une seule étude d'architucture lorsque nous approchons la suisse mais une ferme motivation pour nous améliorer après avoir constater la belle évolution du patrimoine architectural français selon les régions.
La prochaine grosse étape sera Istanbul et nous avons donc plus de 3000 km, les Alpes et les Balkans devant nous pour vivre pleinement ce trip à vélo !
Si vous avez eu le courage de tout lire, maintenant vous avez gagnez le droit de perdre quelques minutes de plus pour aller regarder nos petites photos françaises ! C'EST ICI !