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VINCENT RÉPONDS A LA NEWS DES MINES

Cet article présente la version complète des réponses aux questions de la News des Mines posées à Vincent dans le cadre de la réalisation d'un article sur les premiers enseignements que nous tirons, à chaud, durant ce voyage au long cours : "Quimper-Pékin à Vélo".


Vincent au sortir de la route du Pamir entre Tadjikistan et Kirghizstan après une journée terrible oscillant deux cols a 4300m, du vent, du froid, et pour finir 2000m de descente sur de la piste pour 4x4. Fatigue garantie, mais c'est beau !


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Vincent, aux dernières nouvelles, vous êtiez à Samarqand, en Ouzbékistan et vous pensiez devoir accélérer pour arriver à Pékin dans les temps : comment cela va-t-il impacter la suite de votre parcours ? Allez-vous faire une grande étape en bus pour ensuite rester à vélo, faire plutôt des sauts de puce réguliers pour garder la continuité de l'évolution des cultures ou carrément changer votre route ?


Après 10 jours de pédalage non-stop depuis Douchanbe à en prendre plein les yeux devant les beautés de la chaîne de l'Himalaya, j’'écris actuellement depuis la ville de Khorog à la frontière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan.


Nous avons pour objectif à court terme de continuer sans "coupure" jusqu'à Bichkek en suivant la célèbre route du Pamir où nous franchirons plusieurs cols situés entre 4200m et 4700m. Nous ne tenons plus en place à l'approche de ces ascensions qui seront, nous en sommes certains, inoubliables.


Ensuite, et c'est là que ça se complique, nous avons environ 1000 km à parcourir jusqu'à Bichkek, la capitale Kirghiz, puis il est probable que nous by-passions une bonne partie de notre itinéraire prévu au Kazakhstan en vue de rejoindre "rapidement" la Mongolie.


Pourquoi accélérer le pas au Kazakhstan ?

Tout simplement parce que nous n’avons qu'’un visa de 15 jours et que cette contrainte fait que de toute façon nous ne pourrons prendre le temps de profiter pleinement de ce pays.


Dans les faits comment cela se passera ?

Nous n'en savons encore trop rien. Il est probable que nous ayons à pédaler de Bichkek jusqu'à Almaty et ensuite nous envisageons toutes les possibilités (hormis l'avion bien sûr) pour rejoindre le nord du pays : train, bus, auto-stop ou bien plusieurs combinaisons de ces 3 solutions.

De notre expérience acquise au fil du voyage nous savons que moins nous faisons de saut de puce et d'alternance de mode de transport mieux c'est.


Nos vélos durant un voyage en bus vers le sud de l'Iran


En effet, chaque bus, train ou auto stop s'accompagne d’une bonne dose de soucis : stress lié au chargement des affaires dans un temps souvent très réduit (les chauffeurs sont quoiqu'il arrive toujours pressés), casse possible lors du voyage en raison des vibrations, oublie possible de matériel lors du déchargement, surveillance nécessaire vis-à-vis du vol, et bien entendu limitation du coût du transport...sachant que les chauffeurs exigent souvent une contrepartie financière contre le désagrément (souvent fictif) lié au transport des vélos.


Fatigués par l'état déplorable des routes et par la conduite locale, en Ouzbékistan nous avons pris un train de Samarqand à Uzun.


La recherche d'optimisation de ces paramètres nous conduit désormais à avoir une légère préférence pour le train. Mais, principale ombre au tableau, en Asie centrale le transport par voie ferrée ne fonctionne pas comme dans l'hexagone et le trafic est bien plus réduit. Nous devrons donc nous adapter et improviser en fonction des horaires et fréquences de train.

Par la suite, la durée de notre périple mongol dépendra de l'efficacité de cette "’accélération Kazakh" mais nous avons bon espoir de pouvoir rouler tranquillement et sans trop de "deadline" à travers les steppes de ce pays que nous rêvons toujours de découvrir.


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Te sens-tu déjà changé par l'expérience de ces huit premiers mois ? Ta vision du monde, ton rapport aux personnes, voire tes convictions sont-elles différentes, chamboulées, renforcées ?


Excellente question...sur laquelle je ne comptais me pencher réellement qu'au retour mais je peux d'ors et déjà tenter d’'y répondre, au moins partiellement, en disant qu'il est clair que je me sens moins naïf face au monde que je ne pouvais l'être auparavant.


En termes d'’évolution comportementale, je citerai un seul exemple : nous avons été très rapidement surpris par la facilité avec laquelle nous nous sommes mis à écouter notre instinct et à faire confiance à notre ressenti pour déterminer si nous pouvons faire confiance ou non à telle ou telle personne, et cela après seulement quelques secondes de discussion. Par ailleurs, nous sentons également que ce voyage nous rend plus attentif à ce qui se passe autour de nous et nous réalisons que notre esprit est presque toujours « sur le qui-vive ». Il s’agit là des toutes premières évolutions que nous avons constatées.



En termes d'’évolution du regard porté sur le monde, …mes idées de Candide pré-départ ont subi quelques changements, et cela m'affecte d'autant plus que mes convictions n'ont pas forcément évolué dans le sens auquel j'aurais pu m'attendre...

En effet, avant de partir j'avais comme idée préconçue que ce voyage ferait croître mon optimisme originel vis-à-vis de ce « monde cruel et dangereux » alors que désormais je ne peux m'empêcher de constater que le pessimisme grappille progressivement de la place dans mon esprit !

Si les gens pris un part un et individuellement sont, la plupart du temps, exceptionnels et impressionnants de gentillesse et de bonnes intention, j’'ai l'’impression que l’'instinct grégaire, les effets de groupe et de globalisation induisent chez eux des comportements inverses. Pour faire simple, les gens ne sont pas méchants, ils sont gentils ! Mais à cause d’'eux (ou plutôt de nous tous) le monde n'est pas si beau que ce que je croyais…...



"Une Mondialisation écoeurante"


Au-delà du fait de confirmer mon vieil avis sur la prédominance des questions énergétiques sur la scène internationale, ce voyage a avant tout le mérite de me projeter en pleine figure ce qu'est concrètement la mondialisation et ce qu'elle implique. Cela me donne un peu le vertige mais surtout m'attriste car je constate presque chaque jour davantage d'effets pervers et néfastes que de bienfaits…et partout l’'homme plonge, sans forcément s'en rendre compte, avec une facilité déconcertante dans les écueils de cette mondialisation. Je m'explique via quelques exemples succincts :


Dans de nombreux pays nous constatons que les gens n'ont pas accès aux services que je qualifierai de base comme l'eau potable, une nourriture variée, et des soins appropriés, mais se baladent avec des smartphones à la main, le haut-parleur allumé, écoutant le dernier Rihanna...c'est un peu déroutant au début…puis totalement écrasant à la longue...


Bien entendu, si dans les pays en développement par lesquels nous sommes passés, les gens n'ont que difficilement accès à l'enseignement et à la culture (nous n’avons que rarement vu des livres…), "ce n'est pas grave" car les antennes rouges et blanches qui pullulent un peu partout leur donnent accès à la 3G pour visionner la bande-annonce du dernier blockbuster américain, avec bien entendu les publicités "buvez du coca-cola" qui vont avec...


Et cela fonctionne... car du Coca-Cola, de l'eau Nestlé, ou des barres chocolatées Twix on en trouve partout ! Y compris dans la petite épicerie de 10m² du petit village situé au fin fond du désert iranien. Et s'il n’y a pas de Coca Cola disponible, il y a toutes les chances que ce soit parce qu'on vend du Pepsi !

Lorsque vous vous attendiez à faire des découvertes culinaires traditionnelles à répétition cela est un peu décevant. Et encore, je n'ose même pas évoquer l'impact hallucinant du FC Barcelone...


La pollution vient alors en suite logique de cette première constatation d'’uniformisation des habitudes.



Depuis la France, jusqu'au Tadjikistan nous n'avons eu de cesse de nous attrister devant la facilité et la vitesse vertigineuse avec lesquelles l'homme souille la planète et son environnement ; à grands coups de montagnes de plastiques à la fois éparses et constantes, de morceaux de pneus usés, d’animaux déchiquetés, de fumées noires d'usines et de pots d'échappement tout le long de ce qu'on appelle de manière rêveuse et mythique "la Route de la Soie". Route qui n'est aujourd'hui qu'une ligne de bitume continue grisée et floutée par le vacarme et les fumées des semi-remorques chinois, iraniens, turcs ou encore polonais ! Là encore, tant-pis si les énormes voies terrestres de la « Silk Road » coupent des villages entiers en deux, déstructurant totalement les organisations et cohérences spatiales locales ; l'important est de développer les échanges commerciaux, d'aller toujours plus vite, et de consommer toujours plus "d'occidental way of life".


France

L’'étape suivante n'est alors pas longue à venir : on laisse tomber le traditionnel vélo, cheval ou âne comme moyen de transport pour des Chevrolet 250 chevaux sans formation au code de la route…car en fait, le code de la route ça n'existe pas vraiment ici. La voilà la vraie mondialisation que l’on vante tant dans les livres d’histoire-géographie du secondaire…


Croatie

Tout va très vite, trop vite, sans prendre la mesure des bouleversements induits sur les traditions, ni le temps de créer les structures adaptées au développement souhaité...Partout, on roule en Toyota et Mercedes dernière génération, lunettes Rayban sur le nez, peu importe si une fois hors du beau bolide on a les pieds dans les ordures et si l’eau, jadis potable, est désormais marron.


Albanie


Et tout cela se passe, encore une fois, en dépit de l'accès à la culture et à l'éducation. Pour citer un exemple caricaturalement chauvin mais parlant : nous ne comptons plus les fois où le fait de rencontrer des français n'évoque pour notre interlocuteur que les termes "Benzema" et "Ribery"... Forcément, au début cela fait sourire, mais quand ça se répète huit mois durant, pays après pays, ça en devient un peu inquiétant.


Iran


Lorsque nous avons l'opportunité de pouvoir discuter de ce sujet avec des occidentaux croisés en route, on nous répond souvent avec une facilité et un détachement un tantinet déconcertant : "Les gens ici ne sont pas arrivés à un développement économique suffisant pour parvenir à cette prise de conscience".


Le "méga smog" en Turquie

Certes, cela est sans doute vrai, mais je ne parviens pourtant pas à me contenter de cette réponse qui me semble un peu trop facile...


Pourquoi parvient-on à investir dans de belles autoroutes et de gigantesques aéroports construits par nos entreprises occidentales pendant que les besoins de bases des populations locales ne sont pas assurés ?

Nous autres, occidentaux, n'avons aucun scrupule à submerger ces gens des derniers Iphones et Samsung – forcément, c'est lucratif – mais il semble étrange que nous ayons toutes les difficultés du monde à leur procurer des aides et services nettement moins technologiques - forcément, c'est moins lucratif -...


Turquie


Nos entreprises occidentales parviennent sans problème (et cela grâce à leurs moyens modernes) à répondre aux demandes souvent mégalomaniaques des dirigeants de ces pays, mais pourquoi les aspects environnementaux et sociaux culturels, pourtant considérés chez nous, sont ici totalement passés à la trappe ?

En échange d'un accès à une partie des ressources premières du pays, des centres commerciaux gigantesques et de belles autoroutes sont construites gratuitement. Mais pourquoi ne s'agit-il donc jamais de réseaux d'eau potable digne de ce nom ou de centres de tri et de gestion des déchets ?

Dès qu'il s'agit de fournir des aides et services un peu plus philanthropes, on laisse volontiers le travail aux ONG, qui font le vrai job à la place des Etats, seulement elles ont déjà trop à faire avec les problèmes de santé et de nutrition...


Monténégro

Pire encore, avec Simon, nous réalisons que ce qui était par le passé mal fait ou mal conçu en occident - et que l'on tente tant bien que mal d'améliorer aujourd'hui –- est souvent le modèle d'actualité dans les pays en développement. Et nous avons l'impression un peu écœurante que nous les regardons, sans broncher, faire les mêmes erreurs.

Un exemple avec l'architecture presque totalitaire de mégalomane à la Le Corbusier. Les barres d'immeubles en béton armé, répondant plus de la cage à poule que du logement, non socialement étudiées et non intégrées dans l'environnement sont de nos jours construites à tout va en Turquie, en Iran et ailleurs car celles-ci sont vues comme un symbole de modernisme.


Turquie

Iran

Géorgie


Pour terminer sur ce sujet, je dirais que je ressens aujourd’hui un sentiment vertigineux d'impuissance face à cette mondialisation extrêmement rapide et anachronique au sein de ces pays, leur faisant, à mon avis, sauter des étapes importantes pour leur développement. Cela s’'explique aussi peut-être par le fait qu'’on leur fasse croire à tort que ce mot important qu’'est le "développement" n'est qu'un synonyme de « croissance économique » et de « consommation ».


A Samarqand, en Ouzbékistan, les autorités ont construit un mur pour séparer les habitants des zones touristiques de la ville...




"Le culte du chef"


Un autre fait marquant, et bien que cela fasse plusieurs mois que j'évolue parmi ce dernier, je reste encore et toujours stupéfait de l'observer.

Je veux parler ici de pratiques que je qualifierais de staliniennes, mais qui ont en fait toujours cour dans de nombreux pays d'ex-URSS comme en Azerbaïdjan, au Turkménistan, en Ouzbékistan ou encore au Tadjikistan.


Dans ces états policiers, qui n'ont de République que le nom, j'ai été par exemple très surpris de voir que le culte de la personnalité du dirigeant ou du père de la patrie est quelque chose de courant et de normal, écrasant subtilement dans les esprits toute remise en question de l'autorité.

Il s'agit là d'un exemple de quelque chose dont je ne m'attendais pas à croiser aussi souvent et qui pour moi relevait, sans doute naïvement, plus du cours d'histoire que de l'actualité...

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Culte de la personnalité en Azerbaïdjan


Mais bon, sans doute vaut-il mieux se contenter de cela plutôt que de pays totalement instables politiquement ? C'est ce qu'on disait aussi avant les printemps arabes...Bien entendu, ce n'est pas si simple que cela... par exemple, de nombreux spécialistes d'Asie Centrale prédisent que la fin de l'actuel président Ouzbek fera certainement appel d'air à l'EI dans la région, plongeant tous les pays limitrophes dans l'instabilité et les conflits...



"Remise en question des préjugés"


Enfin, je termine sur une précision un peu plus positive et plus spécifique vis-à-vis de nos à priori d’occidentaux en ce qui concerne...l'Iran. Ces derniers n'ont eu de cesse d'être chamboulés depuis la minute où nous sommes entrés dans ce pays, jusqu'à l'instant où nous l'avons quitté, 45 jours plus tard.


Ce pays n'a rien à voir du tout avec l'image qu'on lui prête généralement en Europe. Bien qu’'ils sont sans doute les plus mauvais conducteurs de la planète, les iraniens restent les personnes les plus curieuses et hospitalières que nous avons rencontrées depuis le debut du voyage. Le seul hic est qu'ils le sont tellement que ça en devient parfois embarrassant voire oppressant.


La plupart des iraniens que nous avons rencontrés sont instruits, très cultivés, tolérants et aiment par-dessus tout la nature et les picnics ; et ça se voit !

Les villes présentent de nombreux parcs dans lesquelles les iraniens adorent se rendre pour discuter, flâner, voire flirter et chater via leurs smartphones.

Par contre, si les villes sont dans l’'ensemble très vertes et fleuries, elles restent très polluées par les fumées des nombreux camions, voitures et motos roulant à l’'essence subventionnée par l’'Etat…


Dans ce pays très riche culturellement et historiquement en raison du passé de la civilisation perse, d'’importance comparable aux antiques grecs et égyptiens, les gens suivent un mode de vie très moderne et se sentent de plus en plus oppressés par leurs politiques. Ils ne faisaient que nous répéter qu'’ils n’'ont rien à voir avec eux.

La majorité des iraniens se sentent étouffés par les règles de l’'Etat et rêvent que le blocus prenne enfin fin !


Nous avons été hébergés de nombreuses fois en Iran. Ici à Abbas Abad chez Kaveh et Vidah, un couple très moderne. Elle est restauratrice et lui est professeur en SIG.


Bref, rien à voir avec l’'image du « méchant musulman anti-occidental » répandue dans nos inconscients.


Pour ce qui est des femmes, chaque année le port du voile obligatoire perd du terrain et ces dernières parviennent à vivre avec cette contrainte en l’'utilisant comme un élément d'’apparence complétant l’'élégance et le raffinement qu’'elles attachent au maquillage, aux ports de vêtement colorés et de talons ! Et oui, les iraniennes ne sont pas toutes en tchador, bien au contraire, elles sont souvent apprêtées ! Elles ont même souvent le nez refait !


Et une fois à la maison où dans la voiture, la plupart du temps le voile est immédiatement enlevé. La police des moeœurs dans tout ça ? Pour notre part, nous ne l’'avons jamais vue…...


En résumé, la maxime qui dit que "voyager c'est découvrir que les idées que l'on se faisait de l'autre et de son pays sont fausses" est très représentative de ce que nous avons pu ressentir en Iran.


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Est-il difficile de jongler entre l'expérience au jour le jour (la magie des rencontres, l'inconnu permanent de ce que tu vas découvrir et peut-être la nécessité de ne pas trop penser au nombre de kilomètres restants pour continuer à avancer) et les impératifs de planification de la route, d'organisation pour les visas, etc. ?


La réponse est oui, clairement !


C'est surtout assez compliqué de concilier envies du moment (découvertes en tout genre, détours, discussions prolongées, études de bâtiments) avec le respect des deadlines parfois imposées (visas limités, hôte qui nous attend à une date fixe chez lui, visites de proches, date d'arrivée prévue à Pekin, etc.)


Par ailleurs, l'ambivalence de sentiments entre se laisser totalement emporter par la magie du voyage tout en partageant et conservant des liens forts avec nos proches et ceux qui nous suivent est également une chose qui n'est pas toujours simple à gérer. Sachant qu'il s'agit d'un voyage que nous ne ferons très probablement pas deux fois, nous avons toujours l’'envie de faire beaucoup de choses, parfois trop, de nous laisser guider par nos pulsions à court termes mais la raison prend parfois le dessus, et heureusement, enfin je crois …!


Lors de nos arrêts repos durant lesquels nous faisons le point, la même phrase ressort souvent : "Il y a de quoi devenir fou, on a trop de trucs à faire !" Mais très honnêtement on ne se plaint pas le moins du monde, nous découvrons chaque jour davantage de choses que lorsque nous étions assis derrière un bureau !


Au début du périple, (dans notre jargon cela signifie : de Quimper à Istanbul) nous planifions énormément notre itinéraire et cela nous prenait bien entendu du temps. Depuis, nous avons très largement lâché du lest et l'itinéraire s'impose plus souvent à nous à court terme (contraintes météorologiques et/ou topologiques, échanges avec d'autre baroudeurs passés à tel ou tel endroit, densité du trafic routier, ou tout simplement parce que sur le moment nous voulons suivre notre instinct).


Par exemple, nous avons décidé sur un coup de tête d'aller visiter le sud de l'Iran à vélo alors que nous ne l'avions pas prévu. C'est également sur un coup de tête que nous nous sommes motivés à grimper à plus de 4000m sur la route du Pamir. Pour autant nous ne regrettons en rien ces décisions improvisées !


Quant aux kilomètres qu'il nous reste à faire, cela nous a peut être préoccupé le 13 septembre dernier, jour du départ, mais depuis nous avons laissé spontanément cette idée de côté ; nous savons qu'à chaque coup de pédale donné nous n'avons de toute façon jamais été aussi proche de Pékin !


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Appréhendes-tu l'arrivée à Pékin ou le retour, peut-être abrupt, à la maison ?


A dire vrai, depuis le départ, et ce jusqu'à aujourd’hui, je ne me suis jamais vraiment posé cette question du retour, en me disant que je verrai bien et que j'y penserai en temps voulu... c'est à dire à quelques mois du retour, soit à peu près …maintenant! Je commence donc tout juste à cogiter sur cette thématique mais sans réelle pression ni impératif.


Au-delà des premières semaines euphoriques qui suivront ce retour ; retrouvailles avec la famille et les amis obligent ; j'ai quelques projets personnels en tête, à la fois au niveau professionnel et aussi en terme de voyage (l'un n'étant pas incompatible avec l'autre), mais rien de totalement figé.

J'essaie donc d'anticiper ce retour dans la douceur de façon à prendre le temps de prioriser mes objectifs personnels. Cela passera sans doute par une phase de découverte de "petits boulots" et/ou CDD dans divers domaines qui m'intéressent. Je ne me ferme aucune porte et envisage ce "retour à la normale" comme un nouveau défi à surmonter, un nouvel inconnu à découvrir.


Mais d'ici là, avec Simon et Evan (qui lui parcourt la terre en mode backpacker) nous devrons à plus courts termes nous retrousser les manches afin de concrétiser tout ce que nous avons pu voir et étudier en cours de route. Le but est de produire quelques supports sympathiques de retour de voyages pour les présenter aux intéressés comme le collège de Kervihan de Fouesnant en Bretagne qui suit notre aventure depuis ses débuts. Par ailleurs, nous serons très certainement présents aux côtés de l'association Maison Paysanne de France au Caroussel du Louvre lors de la semaine du Patrimoine et nous présenterons également avec plaisir nos réflexions et enseignements tirés du vernaculaire à nos sponsors tels que Renzo Piano Building Workshop.


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Quel est ton meilleur souvenir ?


Prendre une douche chaude après 15 jours de camping sauvage !


Plus sérieusement, parmi nos souvenirs marquants nous pensons en premier lieu à notre arrivée à Istanbul ! Première grosse étape test du voyage, réalisée sans encombre et dans les temps ! De quoi nous rassurer pour la suite, avec en prime la visite de nos parents et amies, bref le bonheur !



L'arrivée à Bakou était aussi très marquante : nous logions chez un informaticien un peu perché qui, le cœoeur sur la main, accueillait en même temps 3 autres cyclo français, qui, pour la petite histoire, roulaient depuis la Croatie sur nos traces et n'avaient de cesse d’'entendre parler de nous.

Après avoir roulé plusieurs jours dans le froid, sous la neige, la pluie et le vent, en moins de temps qu'il n'en faut pour décharger nos affaires, nous nous retrouvons au chaud dans cet appartement familial, assis devant une tasse de café et une part de gâteau au chocolat à la main, entourés de nos collègues français qui nous demandent comment nous avons fait pour réussir à joindre Bakou dans de telles conditions, eux ayant terminé en auto-stop. C'était vraiment une étape sympathique, un peu l'auberge française !


Le voyage compte aussi un nombre incalculables de petits moments heureux éphémères mais tout aussi marquants. Nous pouvons citer par exemple notre premier bain dans l'adriatique en novembre (après avoir connu nos premières températures proches de 0°C en Slovénie) sur une plage déserte de Croatie où nous avons l'impression d'être seuls au monde ; ou encore une pause hamac et lecture à Semnan en Iran dans un parc gigantesques aux airs de sud-ouest français après avoir serré les dents durant deux jours parmi un trafic routier teinté par les particules - pas fines du tout - des pots d'échappement des camions iraniens vieux de 50 ans...


Vous l'aurez compris, la fin des galères et des dures journées est souvent synonymes de bons souvenirs dans nos esprits !


Bronzette sur la plage de Simuni en Croatie le 1er Novembre 2014.


Lorsqu'on y repense, l'accumulation de situations incongrues n'a également de cesse de nous faire sourire :


boire de l'alcool fort dans l'arrière salle d'une Eglise au Kosovo en compagnie d’un ancien dealer de tabac de RDA, dormir dans une mine d'or Albanaise gardée par des troupes armées, visiter une usine de semelles de chaussures en Grèce, rouler sur des routes enneigées par -5°C en Turquie, danser sur du Indila au sein d’une famille géorgienne, entendre des loups hurler à 200m de la tente dès le coucher du soleil en Azerbaïdjan, jouer au ping-pong avec le directeur d'un centre olympique, aider des iraniens à retourner une barque avant de se faire inviter dans un parc d'attraction, se cacher dans un taxi turkmène pour éviter les contrôles de police, passer une soirée dans un ancien kolkhoze parmi des Ouzbeks fortement éméchés, assister à un mariage traditionnel Ouzbek pour Simon pendant que je me retrouve seul dans une petite pièce sombre de 10m² face à deux inspecteurs de police me questionnant à la lueur d'une loupiotte, être accueillis par une foule d'enfants comme des vainqueurs du tour de France dans chaque village Tadjik, assister au dynamitage afghan d'une montagne en vue de créer un chemin accessible...


Partie de Ping pong avec Cavid le directeur d'un centre olympique azéri. Simon a perdu la partie...


Bref, je pourrais continuer comme cela encore longtemps au risque d'ennuyer profondemment les lecteurs !


Enfin, il faut le souligner, nous sommes également très contents de n'avoir jamais eu à faire face à de sérieux problèmes physiques et techniques qui auraient pu remettre en question le périple ! Pour le moment, on touche du bois !


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Quel est ton pire souvenir ?


Mon esprit balance entre :

  • des problèmes digestifs fulgurants qui surviennent à 2h du matin, alors que nous dormons sous la tente au Kosovo et que l'orage bat son plein ;

  • une entrée à vélo quasi-mortelle dans Istanbul ;

  • des petites chutes à répétition dans la neige sur les pentes turques à 12% ;

  • la course endiablée de 10 jours aux visas et aux paperasses administratives dans la ville géante de Téhéran ;

  • le retour du froid et de la météo capricieuse en Azerbaijan ;

  • un accident de la route en Ouzbékistan après m'être fait renverser par un tracteur qui n'a eu pour seule réaction que de continuer son chemin ;

  • la traversée folle en 4 jours du Turkménistan avec des passages frontaliers des plus stressants ;

  • ou enfin le plantage de tente sous la pluie dans une impasse de la banlieue de Dubrovnik pour nous apercevoir 10minutes plus tard que nous avons installé notre campement au beau milieu de la litière géante des chats du quartier...


Pédaler sous la neige le long de la mer noire n'est pas une chose facile. Les nerfs sont mis à rude épreuve


Au final, nous ne comptons plus les fois où l'on s'est dit "sérieusement, mais qu'est-ce qu'on fait dans cette galère ?" et il faut reconnaître que garder le moral n'’est toujours évident.

Mais c'est dans ces instants compliqués que l'on réalise qu'il n'est pas anodin d'être deux à endurer les mêmes difficultés. Cela permet d'accepter avec plus de facilité les épreuves.


Notre difficulté actuelle est de ne pas pouvoir réellement creuser les discussions avec les gens que nous rencontrons dans la mesure où ces derniers parlent tous le russe et que nous n'avons pas eu le temps d'étudier et surtout d'apprendre cette langue avant de partir (ce n'est pas faute d'avoir demandé un droit individuel à la formation à nos anciens patrons...en vain). Nous tentons de compenser cette lacune au jour le jour mais nous nous sentons malgré tout très limités.


En définitive, le voyage est aussi fait de nombreux moments où il faut serrer les dents et prendre sur soi en se disant qu'il ne s'agit que d'épreuves éphémères qu'il nous faut surmonter. Pour nous aider, nous avons souvent recours à l'humour et à l'autodérision. Et après coup, nous nous consolons rapidement en sachant que ces instants compliqués se transforment ensuite en moments heureux de par la petite victoire que représente le simple fait de les avoir traversés !


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Quel est le paysage le plus "wow" que tu as traversé ?


Concernant les paysages, nous avons longtemps été marqués par notre traversée des Alpes et sommes restés un peu sur notre faim en Turquie, Géorgie, Azerbaïdjan, Iran, Ouzbékistan.


Bien entendu, dans tous ces pays tout n'était pas gris ! Nous avons vu de très belles choses et vécu de belles expériences, avec par exemple les traversées dépaysantes de déserts en Iran et au Turkmenistan ; la découverte de la presqu'île de Persembe en Turquie ; la traversée difficile de la vallée de Kharagauli en Georgie...


Quelque part dans les Alpes

Cependant, nous ne pouvons nous empêcher de constater que ces moments de découvertes restaient très ponctuels et dans ces pays nous ne sommes honnêtement pas restés émerveillés et ébahis devant ce que nous pouvions voir jours après jours.


Mais, si les Alpes ont pendant longtemps tenu le haut du tableau, depuis peu notre top 10 des paysages époustouflants s'est vu totalement chamboulé par les merveilles naturelles qu'offrent le Tadjikistan ! Et encore, nous n'en voyons qu'un léger aperçu.

De Douchanbe jusqu'à Murghab, la route du Pamir n'a de cesse de nous surprendre et de nous en mettre plein la vue !


En particulier, les quelques 400km parcourus le long de la frontière avec l'Afghanistan resteront, c'est certain, gravés dans nos mémoires.

Nous avions réellement l'impression d'évoluer dans le jardin d'eden, voyant défiler devant nous des îlots de verdures préservés parmi des montagnes arides et hostiles où vivent quelques irréductibles Afghans pris en étau entre une rivière torrentielle et des sommets à 4000 m.


La suite de cette célèbre route est différente mais toute aussi incroyable : après à peine 3 jours de vélo, on se retrouve comme seuls au monde à évoluer sur des plateaux qui fleurtent avec le pic du Mont Blanc, au milieu de grosses marmottes rousses et de Yack !

C'est bienvenue "Into the Wild" ! Après 8mois d'évolution au sein d'une urbanisation intense, ça fait énormément de bien !


Paysages lunaires au Tadjikistan


Là, encore nous n'en avions pas conscience avant de partir mais si les zones montagneuses des Alpes et du Pamir nous ont tant marquées et sont parmi les plus belles et les plus incroyables que nous ayons vu, c'est aussi parce qu'elles restent préservées de l'homme et de la pollution. Pourquoi ? tout simplement parce qu'elles sont difficiles d'accès. Cela est triste à dire mais je suis convaincu que si les montagnes étaient aussi accessibles que les littoraux, elles seraient probablement toutes aussi souillées...


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Quelle fut la rencontre la plus marquante ?


Très difficile à dire... Nous avons rencontré tant de personnes toujours plus intéressantes les unes des autres avec à chaque fois avec des profils différents. J'imagine bien que cette phrase sonne un peu cliché mais ce n'est que la stricte vérité. Chaque journée et chaque rencontre est totalement différente de la précédente, et il est vrai que c'est un aspect du voyage que nous aimons tout particulièrement !


  • Nous avons énormément apprécié de rester et danser plusieurs jours à Trabzon chez Nurullah, l'étudiant turque un peu insouciant mais super généreux et non prise de tête.

Nous sommes restés 6 jours chez Nurullah et ses collocataires à Trabzon. Cuisine, musique et danses étaient au rendez-vous !

  • Quand à Canan, une cyclotouriste turque rencontrée à Montbéliard avec qui nous avons gardé contact, elle reste un peu comme notre ange-gardienne qui n'a cessé de nous aider lorsque nous roulions le long de la mer noire en plein hiver. Et, comme quoi le monde est petit, Canan est une doctorante des Mines de Saint-Etienne !

En Janvier dernier, alors que le mercure atteint des niveaux exceptionnellement bas dans la région, Canan et ses parents nous ont accueilli à bras ouverts à Bafra

  • Bahman, le père d'une amie de ma sœoeur, est un ingénieur qui nous a accueillis à bras ouverts durant plus de 12 jours dans son appartement de Téhéran ! Et comme si cela ne suffisait pas, il mettait presque de côté sa vie personnelle pour nous aider dans notre accumulation de tracas dans la capitale iranienne.

Bahman a fait des pieds et des mains pour nous aider à récupérer un colis égaré à la poste restante de Téhéran.

  • Mohammad Reza, ingénieur contrôle des voies ferrées et arbitre international de basket-ball, nous a invité spontanément chez lui et offert la douche avant de prendre le train avec nous pour Machhad. Encore une fois, comme si cela ne suffisait pas, ce musulman (qui, avec humour nous explique qu'après une grande discussion seul à seul avec Dieu ils ont tous deux convenu que s'il vise « seulement » le paradis niveau de base, et non le top level, alors il peut boire de temps en temps quelques bières à condition de continuer à être généreux et à aider son prochain) nous offre le repas à bord, nous fait monter dans la locomotive puis nous invite ensuite à insister à un match de première ligue iranienne de basket-ball ! Et tous ces événements s'enchaînent le plus naturellement du monde comme si nous nous connaissions depuis des années alors qu'à la base nous voulions simplement acheter un billet de train et c'est sur lui que "nous sommes tombés."

Durant l'arrêt du train pour la prière du soir, Mohammed nous fait visiter la locomotive

  • Le commando iranien qui nous croise en voiture et s'arrête pour nous inviter spontanément chez lui. Le soir venu, bien qu'il possède un lit double des plus confortables, il dormira avec nous, dans le salon, à même le sol.


  • L'accueil de Jafar au Croissant rouge, situé à 2300m d'altitude sur la Chalus Road, où nous dînons au restaurant payé par un autre iranien croisé durant l'ascension !

Jafar et l'équipe du croissant rouge à 2300m d'altitude

Ce qui n'a de cessé de nous surprendre dans ces rencontres est avant tout l'hospitalité spontanée et l'ouverture d'esprit de ces gens ainsi le temps qu'ils prennent parfois pour nous aider ! Cela peut paraître anodin et facile à imaginer par simple lecture mais il est important de rappeler le contexte en précisant que l'on se présente le plus souvent devant eux mal rasés, sales, probablement mal odorants et baragouinant seulement deux ou trois mots de leur langue...


Au regard de toutes ces rencontres nous sommes convaincus que nous avons des efforts à faire en France en termes d'hospitalité et d'ouverture sur l'autre. Et, pour cause, après avoir roulé 1500 km dans l’'hexagone, il s'’agit d’'un des pays où nous avons eu le plus de mal à nous faire héberger. Bien entendu il y a des exceptions et l’'accueil que nous avons reçu dans l’'auberge abbatiale d’'Auberive reste des plus mémorables !



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Puisque tu donnes déjà un premier aperçu général des différentes architectures rencontrées dans ton bilan de mi-parcours, est-ce tu peux nous en dire plus sur ce que l'ingénieur que tu es redécouvre dans une ville comme Yazd ? (et que sont ces tours à vent dont tu parles ?) Qu'est-ce que les villes modernes ont oublié de ces anciennes cités ? Est-ce que cela te donne une nouvelle motivation pour ton métier d'ingénieur et tes convictions de constructions durables ou te sens-tu à l'inverse tout petit devant une ville traditionnelle abandonnée et remplacée par des constructions standards sans ingéniosité ?


Nous avons été très abasourdis par les merveilles d'’ingéniosité et d’'architecture des demeures traditionnelles de la très ancienne ville de Yazd dont l'âge est estimé à plus de 2500 ans !


Yazd est la ville iranienne que nous avons préférée

Située en plein désert, cette ville s’'est adaptées aux conditions de températures extrêmes en partie grâce aux désormais célèbres « tours à vent » (ou "badgir" en farsi) utilisées pour capter les vents forts et « frais » des hauteurs puis les conduire au niveau d’'un point d'’eau situé dans les oasis de verdures que constituent les petites cours centrales.


Au contact de cette ’eau, l'’air s’humidifie et se rafraichit en vue de ventiler ensuite les espaces de vie adjacents. Cela permet, le plus simplement du monde de créer des ambiances confortables, au sein d’un contexte très défavorable, le tout sans recours à la climatisation bien sûr !

Les iraniens avaient inventé ce qu’'on appelle de nos jours « système de rafraichissement adiabatique », sauf qu’eux, n’'avaient pas besoin de ventilateurs !


Mais ce n’est pas tout :

  • Les habitants adaptaient leurs façons de vivre en fonction des saisons et de leur ressentis. Certains espaces pouvaient donc être non utilisés en plein été car trop exposés au soleil tandis qu'’ils étaient plus qu’appréciés en hiver !

  • Les habitations étaient pensées et conçues de manière à maintenir une vie et une cohésion sociale forte une fois à l'’intérieur. Plusieurs générations se côtoyaient et il était possible de communiquer d’'une demeure à une autre sans pour autant avoir à sortir dans la rue. L’'organisation sociétale façonnait aussi la façon de penser le bâtiment. Par exemple, depuis la rue, avant d'’accéder au cœoeur des maisons, il faut transiter par des vestibules octogonaux, véritables espaces de transition sociale mais aussi thermique !

  • Au coeœur de la ville, les murs d'’argile sont très hauts créant des dédales sinueux de ruelles et de voûtes ombragées, on se croirait dans Aladdin ! Cela permettait en outre de protéger la ville des assaillants.

  • D'’ingénieux réseaux hydrauliques souterrains partant des montagnes et traversant le désert permettent d’'alimenter en eau la ville. Il s’agit des Qanat. Des systèmes mécaniques permettent alors de répartir l’'eau selon les besoins, induisant par la même occasion un décompte possible de l’'eau utilisé par tel ou tel quartier.

  • Les maisons traditionnelles sont similaires à des icebergs dont seulement 1/3 du volume est visible car le reste est enterré de façon à profiter du potentiel naturel de rafraichissement du sol. Les constructeurs d'antan s'’arrangeaient alors pour conduire savamment la lumière naturelle au sein de ces espaces enterrés et les rafraichissaient en utilisant l’'eau des Qanat !

  • L’'eau, si précieuse dans la région est stockée dans d'énormes réservoirs enterrés, rafraichis eux aussi par plusieurs tours à vent.


Lors de notre visite de la ville, nous avons eu la chance de rencontrer un architecte iranien qui ne pouvait cacher son désespoir face à l’'abandon des savoir-faire et des traditions ancestrales de la ville pour des modes de vie plus modernes mais nettement moins adaptés.


Nous avons échangé longuement avec un architecte de Yazd

Ainsi, en dehors du cœoeur historique, la ville s'étale encore et toujours davantage. Les belles et ingénieuses demeures laissent place aux constructions sans charmes, faites de briques et de béton. Et pour faire face aux hautes températures, ces dernières sont munies, non plus de tours à vent, mais …de nombreux ventilateurs et climatiseurs. Les habitations traditionnelles sont pour la plupart abandonnées, ou dans le meilleur des cas restaurées et reconverties pour des fonctions plus lucratives : espaces de ventes, musées, cafés-restaurants, hôtels….


Pour le reste de la question, c’'est compliqué de répondre car cela sera l'objet de notre travail au retour. Nous sommes actuellement en plein dans le voyage. Si nous avons bien des idées et tirons déjà quelques enseignements, l'heure n'est pas encore venue pour nous de porter des analyses rigoureuses sur ce que nous avons pu observer, mais cela viendra rapidement dans les mois qui viennent !




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